Le président du CNES a défendu la neutralité de son organisme chargé par le président de “sonder” le citoyen et de “l'écouter”, alors que la majorité des invités représente exactement ceux-là mêmes qu'il a pointés du doigt, notamment les walis qui sont nommés par l'administration centrale. Prenant à contre-pied les analyses et enquêtes sur les origines de la grogne sociale en Algérie, le Cnes de Mohamed Seghir Babès a trouvé le coupable à l'issue de sa tournée à travers le territoire national, où il a eu à rencontrer des représentants de l'administration, des élus locaux et la société civile. Son constat est accablant : la défaillance de l'administration et des élus. Le Conseil de M. Babès met dans le même paquet des responsabilités ou de la culpabilité les élus qui sont de l'avis de tout le monde bridés et les représentants de l'état, walis et chefs de daïra. Un avis partagé par le président de la République dans son message lu par son conseiller, M. Boughazi, au dernier round des assises du Cnes qui s'est tenu, jeudi et vendredi à Alger, dans lequel il reconnaît l'échec des programmes de développement en raison de “défaillances de l'administration locale”. Le président du CNES a défendu la neutralité de son organisme chargé par le président de “sonder” le citoyen et de “l'écouter”, alors que la majorité des invités représente exactement ceux-là mêmes qu'il a pointés du doigt, notamment les walis qui sont nommés par l'administration centrale. Certains représentants associatifs se sont d'ailleurs plaints de l'exclusion de nombreuses associations par les walis chargés du dispatching des invitations pour les assises d'Alger. Et puis les associations habituelles, celles de la périphérie du pouvoir, présentes en grand nombre. En fait, des personnes qui, d'une manière ou d'une autre, participent soit à la gestion ou dans les décisions et dont certainement le citoyen se plaint. En plus des problèmes de logement et de l'emploi, les jeunes réclament, selon M. Babès, “une place” dans la gestion locale. Des problèmes connus mais que l'administration locale n'arrive pas à résoudre. Entre autres raisons, relève le constat de M. Babès, la centralisation de la décision. Il reconnaît par ailleurs la rupture entre le citoyen et l'administration locale qui s'exprime souvent par la méfiance. Le président du Cnes propose, entre autres, le rétablissement de ce lien de confiance. Il préconise également l'implication à travers la participation du citoyen à la gestion des “affaires” locales à travers un droit de regard. La démocratie participative. L'état doit, selon M. Babès, céder certaines de ses prérogatives, surtout la gestion et la décision locales, et garder ses prérogatives régaliennes. Rien de nouveau, si l'on se réfère au projet de réforme des missions et structures de l'état qui préconise la décentralisation. Le Cnes fera des recommandations “pertinentes”, dont un avant-projet doit clôturer les assises, avant de les soumettre avec le rapport final au président de la République. M. Babès indiquera que le gouvernement devra appliquer ces recommandations. Implicitement, il accable l'Exécutif auquel il soumet une nouvelle feuille de route et un agenda pour la concrétiser. Le mérite du Cnes est peut-être dans le fait qu'il ait réussi à rassembler autour de lui, à la fois les acteurs locaux et les citoyens et à les écouter. Quant au constat, il y a des années déjà qu'il a été fait. Le rapport des consultations du Cnes sera remis au président de la République, selon M. Babès, au cours du mois de janvier. D.B.