L'opération de résorption de l'habitat précaire (RHP), ciblant certains vieux quartiers du centre-ville d'Oran, dont la première phase a été entamée avant-hier, par la remise de préaffectations, est appelée à modifier la configuration urbaine de la ville. Et pour cause, le wali d'Oran, pour répondre à l'impatience et la colère de milliers de mal-logés qui ont manifesté bruyamment le jour même, a évoqué le chiffre de 3 666 familles recensées, devant à terme bénéficier de préaffectation et d'un relogement dans des communes avoisinantes. Les 300 premières familles, ayant reçu leur préaffectation, sont réparties entre les quartiers de Derb, avec 734 familles au programme, la Calère face au port de pêche 195, Medioni 666, El-Makari 75, Magenta et le bidonville du périphérique avec 107 familles qui seront suivis par le quartier d'El-Hamri où là encore pas moins de 1 703 familles vont également obtenir des préaffectations. D'emblée, le wali tentera de faire taire des rumeurs et autres spéculations en expliquant que les immeubles vétustes évacués seront démolis et les assiettes de terrain ainsi dégagées, versées au domaine public. Il faudra certes auparavant passer par une indemnisation ou une expropriation des propriétaires privés des biens immobiliers et d'annoncer, dans la foulée, la projection de réalisations qui conféreront à Oran le cachet d'une ville moderne. Sans donner plus de détail sur ces projections, ce sont tout simplement des milliers de m2 intra-muros qui vont être ainsi libérés et dégagés, représentant un portefeuille foncier extraordinaire pour la ville. Si l'on tient compte du nombre de bâtiments recensés en 2010 et destinés à la démolition, soit 150 seulement pour le centre-ville, ajoutés à ceux qui se trouvent à Derb, une trentaine, à la Calère, ou encore Magenta, l'on comprend l'enjeu qui fait vibrer la ville d'Oran depuis plusieurs mois. La valeur foncière d'une assiette de terrain à Derb, qui s'étend de la place du 1er-Novembre, siège de l'Hôtel de ville, et remonte parallèlement au grand boulevard Maâta, se chiffrerait en milliards de DA. Que dire de la Calère, autre quartier historique espagnol, qui surplombe le port de pêche, la pêcherie et possède une vue plongeante sur la baie d'Oran. De très nombreux citoyens mais également des historiens, des associations ayant à cœur la préservation de la ville d'Oran et de ses anciens quartiers, espèrent que les pouvoirs publics projetteront des équipements destinés aux riverains ou encore d'aller vers une politique de développement de la préservation du tissu urbain ancien afin de revitaliser Derb, y compris Sid El-Houari, la Calère qui sont la mémoire collective de la ville. D'ailleurs, l'un des exemples cités en objet est la place Garguenta et beaucoup de souhaiter des garde-fous pour que ces îlots fonciers dans la ville ne finissent pas tout simplement aux enchères. Que dire alors des quartiers excentrés par rapport au centre-ville, comme El-Hamri, Medioni où, là déjà, des opérations immobilières autour du vieux bâti ont été lancées dans la discrétion la plus totale. D. L