Bien que longtemps taxé d'“ennemi du Maroc”, Mariano Rajoy n'a pas dérogé à la règle. Comme tous ses prédécesseurs depuis la mort de Franco, le nouveau président du gouvernement espagnol a tenu à se rendre, lui aussi, en visite officielle au Maroc. Pour Madrid, le respect de cette tradition du premier déplacement du chef du gouvernement au Maroc témoigne surtout du caractère stratégique que l'Espagne veut donner à ses relations avec son voisin du sud. Si les deux pays sont déjà liés, depuis 1991, par un “traité d'amitié et de bon voisinage”, les Marocains, eux, ne voient pas d'un bon œil l'arrivée de la droite au pouvoir en Espagne. Et pour cause ! Le nouveau chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, est issu du Parti populaire (PP) réputé dans le royaume chérifien, à tort ou à raison, comme “l'ennemi juré du Maroc” dans la péninsule ibérique. En tout cas, tout le monde garde en mémoire ici cette manifestation géante qui avait drainé en novembre 2010, à Casablanca, des centaines de milliers de Marocains emmenés par leur Premier ministre Abbas El-Fassi scandant des slogans hostiles contre le PP en l'occurrence. Son chef de file n'était autre que l'actuel locataire du palais de la Monclova, la résidence du président du gouvernement espagnol. Rajoy était alors accusé au Maroc d'“activisme effréné” en faveur du Polisario, et ce, notamment pour avoir demandé au Parlement européen une enquête internationale sur les violences survenues à Laâyoune, à la suite du démantèlement par le Maroc du camp de Gdim Izik. Pendant longtemps, le Parti populaire espagnol n'a jamais fait de mystères sur ses sympathies pour le front Polisario. Loin s'en faut ! Il faut rappeler qu'entre le Maroc et l'Espagne, il demeure de nombreux désaccords et des contentieux historiques liés notamment à l'héritage colonial. Les sujets qui fâchent entre les deux pays ce n'est pas ce qui manque. On peut citer l'accord de pêche, l'émigration clandestine, la lutte antiterroriste, et last but not least, l'affaire du Sahara occidental, une question très sensible. Durant cette visite, le chef de l'exécutif espagnol a été reçu mercredi par le roi Mohammed VI et a tenu des entretiens en tête à tête avec son homologue marocain, Abdelilah Benkirane. Un communiqué de la présidence du gouvernement espagnol a précisé que les deux pays ont convenu de la tenue courant 2012 d'une réunion de haut niveau dans l'objectif de consolider la coopération à tous les niveaux, particulièrement économique. Il faut savoir que l'Espagne est le deuxième partenaire commercial du Maroc après la France. Avec un volume d'échanges de plus de 5 milliards d'euros, le Maroc reste le principal partenaire commercial de l'Espagne en Afrique et le deuxième hors de l'Union européenne. Ces flux représentent près de 25% du volume des échanges entre le Royaume et l'UE. L'Espagne est aussi le deuxième investisseur étranger au Maroc, notamment dans les secteurs du tourisme, de l'habitat et des nouvelles technologies. Pour de nombreux observateurs, cette visite d'une journée a consisté surtout en “une prise de contact et plus si affinités”. Par ailleurs, certaines sources croient savoir que les officiels Marocains ont tenté à cette occasion, de convaincre Rajoy d'abandonner le principe de “neutralité active” au sujet du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole annexé par le Maroc en 1975 et qui reste une question épineuse. Toutefois, il est exclu, à l'heure actuelle, d'après ces mêmes sources, que le PP opte dans cette affaire à un changement de stratégie. Jusque-là, le Parti populaire espagnol s'est toujours fermement opposé aux thèses marocaines sur cette question. Et ce n'est pas maintenant qu'il a accédé au pouvoir qu'il va, à la fin, y renoncer M- C L