Une personne a été tuée et des dizaines d'autres blessées lors de tirs des forces de sécurité sur une manifestation dans une localité chiite de l'est de l'Arabie Saoudite, ont indiqué hier des témoins et des militants des droits de l'homme. Selon eux, Mounir Midani, 21 ans, a été atteint jeudi soir d'une balle à la poitrine et il est décédé à l'hôpital. La manifestation a eu lieu dans la province de Qatif, où se concentre la minorité chiite du royaume. D'après les militants, les participants à une cérémonie religieuse à l'occasion de la commémoration de la naissance du prophète Mohammed (QSSSL) sont sortis dans une rue principale de la province de Qatif, scandant des slogans réclamant la libération des prisonniers politiques et des réformes. L'Arabie Saoudite, qui suit une interprétation extrêmement rigoriste de l'islam, ne commémore pas la naissance du prophète. Après l'incident, des groupes de jeunes ont mis le feu à des pneus dans des rues du secteur, alors que la police installait des barrages de contrôle, selon des témoins. Un manifestant avait trouvé la mort le 13 janvier, lors d'affrontements avec des policiers à Awamiya, une localité à la pointe de la contestation dans la province de Qatif. Le 24 janvier, les autorités saoudiennes avaient annoncé l'arrestation de neuf personnes accusées d'avoir ouvert le feu sur des patrouilles de police dans la province, blessant trois policiers lors de deux attaques séparées. La région orientale de l'Arabie Saoudite, riche en pétrole et où se concentre l'essentiel des deux millions de chiites saoudiens, est secouée par des troubles sporadiques depuis mars 2011. Les chiites se plaignent de discrimination et demandent l'égalité dans l'emploi et les prestations sociales avec les sunnites majoritaires dans le royaume. Les manifestations avaient commencé à la mi-mars pour protester contre l'aide militaire saoudienne à la répression par le pouvoir sunnite de la contestation menée par les chiites dans le royaume voisin de Bahreïn. Les troubles ont pris une tournure violente à l'automne, avec des affrontements début octobre entre policiers et manifestants qui ont fait 14 blessés à Awamiya, puis des violences dans lesquelles quatre personnes ont trouvé la mort dans la région en novembre. Ryad avait publié début janvier une liste de 23 Saoudiens recherchés pour leur implication dans ces troubles et accusés d'agir “pour le compte de parties étrangères”, faisant allusion à l'Iran, soupçonné par les autorités d'encourager en sous-main les manifestations de chiites. R. I. / Agences