Les multiples cas de rupture de câbles, provoquées par les vents violents et l'accumulation de la neige, parfois dans des endroits d'accès difficiles, ont compliqué les interventions des agents de cette entreprise. Dans la vie de tous les jours, il y a de ces services publics qui sont toujours sur le qui-vive et qui sont placés sous les feux de la rampe qu'il vente, qu'il neige ou qu'il pleuve des cordes. C'est certainement le cas de Sonelgaz qui est à chaque fois sur la brèche et qui, comble d'ingratitude, est souvent désignée du doigt dès lors que nos habitudes des temps modernes et notre confort quotidien se trouvent perturbés. C'est justement face à toutes ces exigences de prestataire de service public incontournables très souvent contrariées d'ingratitude et d'intolérance que les responsables tout comme les agents de Sonelgaz auront vécu et souffert le martyre ces derniers jours aux quatre coins du pays, et plus particulièrement en Kabylie, région montagneuse qui a été frappée de plein fouet par cette tempête de neige comme on en a rarement vu, à peine une ou deux fois par siècle. Et à la guerre comme à la guerre, les “conducteurs d'électricité” ont pris leur destin à deux mains pour défier la nature, par monts et par vaux pour “illuminer” nos villes et nos villages. Malgré la tempête, les bourrasques, le froid sibérien, le danger permanent mais aussi les critiques qui fusaient de toutes parts, ils ont lutté implacablement contre une nature déchaînée, et ce, très souvent sur des terrains fortement accidentés et très difficiles d'accès. Ils ont risqué leur vie, ils ont délaissé leur famille pendant près de deux semaines pour rétablir progressivement le courant électrique dans les contrées les plus reculées de la Kabylie profonde. Il est vrai que, de nos jours, actionner un simple interrupteur pour s'éclairer le soir venu ou allumer le téléviseur ou l'ordinateur, ces deux objets incontournables de l'ère contemporaine, est devenu un geste banal sans pour autant se remémorer un seul instant le mérite de tous ceux qui luttent au quotidien pour entretenir les réseaux de basse, de moyenne et de haute tension tout au long de l'année. Et en cette période de catastrophe naturelle et de sinistre à grande échelle, voilà que l'on crie au drame et à la révolte pour peu que l'électricité fasse défaut dans les immeubles des grandes villes comme dans les chaumières les plus isolées de l'arrière-pays. “Dites-vous bien que l'on s'est retrouvé avec quelque 150 000 foyers sans électricité au premier jour de la tempête. Un véritable désastre mais il faut que les gens sachent que des gens braves et téméraires ont mis leur vie en péril pour sauver la mise et rétablir progressivement le courant électrique un peu partout en Kabylie”, nous dira M. Chahar Boulakhras, le directeur régional de Sonelgaz de Tizi Ouzou qui a tenu à rendre un vibrant hommage à tous les agents qui se sont mobilisés spontanément pour aller au secours des populations de haute montagne qui ne savaient plus à quel saint se vouer. De 150 000 foyers isolés, la situation est passée à 80 000 en l'espace d'une seule journée pour descendre progressivement jusqu'à 30 000 puis 10 000 en pleine tempête alors que tout le réseau a fini par être rétabli totalement au bout d'une semaine et qu'une nouvelle tempête avait fait son apparition. “À la guerre comme à la guerre, il fallait faire face à une situation exceptionnelle et nos agents ont pu accéder difficilement dans des zones pratiquement inaccessibles même pour les engins des travaux publics. Le problème était de réparer au plus vite les réseaux coupés et surtout maintenir sur place de jour comme de nuit quelque 120 équipes de Sonelgaz, ce qui équivaut environ à 700 agents qui ont abandonné leur famille durant deux semaines et ont lutté de toutes leurs forces pour éviter le pire aux populations en détresse et rétablir au fur et à mesure l'énergie électrique pour permettre aux dizaines de milliers de citoyens de s'éclairer et surtout d'utiliser des appareils de chauffage électrique pour pallier la tension inévitable qui persistait sur le gaz butane en cette période de grand froid”, dira encore le responsable de Sonelgaz dont la société a été amenée à réquisitionner de nombreux sites d'hébergement en haute montagne comme cela a été le cas, par exemple à Yakourène, où les agents et les cadres de Sonelgaz avaient trouvé refuge dans l'auberge de jeunes de la localité ou encore à l'hôtel Tamgout de peur d'être encore bloqués par les routes enneigées. Et aujourd'hui que la tempête et le spectre de la catastrophe sont pratiquement derrière nous et que la panique a cédé au soulagement, il est certainement temps de tirer chapeau à tous ces braves gens, pour la plupart des pères de famille qui, au même titre que leurs collègues des travaux publics, d'Algérie Télécom, des entreprises privées de l'hydraulique, du génie militaire sans oublier les milliers de volontaires qui ont usé de leur courage et de leur “nif” légendaire pour éviter une véritable tragédie. M H