Celui qu'on surnomme le guitariste insoumis a déployé tout son art pour contenter son public. Durant plus d'une heure, la grande scène de l'esplanade du 1er Novembre a vibré aux rythmes très purs d'un artiste qui a la musique dans la peau. Une marée humaine avait envahi, vendredi, à 20h, l'esplanade du 1er Novembre, attenante à la Maison de la culture de Tamanrasset. Le cordon de sécurité a été renforcé pour contenir ce flux. Ils ont fait le déplacement de partout, même d'Alger, pour assister à ce qu'ils considèrent le concert du siècle, celui de Tinariwen, ce groupe malien qui a remporté dimanche dernier le Grammy Awards pour le meilleur album de musique du monde, pour son disque Tassili (Anti Records, 2010). Mais grosse déception, pour des raisons de papiers au niveau des frontières algéro-malienne (c'est la raison avancée par les organisateurs du 3e Fiataa), le groupe n'a pu arriver à temps pour son concert. Pour parer au plus pressé, les organisateurs ont chamboulé le programme initial, et ce sont finalement Badi Lalla et Bombino qui ont animé cette soirée. Du haut de ses soixante-dix ans, la diva du tindé est montée sur scène, accompagnée du groupe local Ithran. Fière, le port altier, Badi Lalla a interprété ses grands succès. L'assistance qui ne cessait d'affluer écoutait avec attention ces airs venus des fins fonds du désert. Une voix grave, empreinte d'une suavité sans pareil, à vous faire frissonner l'échine… Des chansons fortement appréciées par les présents, surtout la gent féminine qui était là en force, agglutinée au devant de la scène. Une heure après, c'est Ithran qui prit le relais, avec des rythmes très “speed”, enflammant le public qui ne cessait de scander “Bombino, Bombino”. Celui qui devait chanter samedi se fait désirer. Les présents dont le nombre s'était multiplié et qui avaient envahi tout espace libre, même sur les toits des bâtisses environnantes, s'impatientaient. Enfin, les musiciens font leur apparition. Le temps d'un accord, le tant attendu Bombino arrive, ovationné par ses fans. Un véritable déferlement de cris et d'acclamations. Les premières notes fusent, emplissant le ciel étoilé et chaud de Tamanrasset. C'est le délire, voire la folie. L'artiste gratte sa guitare électrique. En une fraction de seconde, les images s'entremêlent. Une impression de voir Jimmy Hendrix, tant Bombino manie avec doigté son instrument. Un virtuose. Les morceaux et les chansons se suivent, teintés de jazz et d'un blues rythmé, dévoilant un état d'âme nostalgique d'un artiste, soucieux de ce qui se passe dans la région du Sahel. Malgré cette nostalgie musicale, tous les présents dansaient, criant leur joie de voir évoluer leur idole. Celui qu'on surnomme le guitariste insoumis a déployé tout son art pour contenter son public. Durant plus d'une heure, la grande scène de l'esplanade du 1er Novembre a vibré aux rythmes très purs d'un artiste qui a la musique dans la peau. Une musique qui s'inspire du répertoire traditionnel targui, savamment orchestrée par des intrusions d'autres genres. Pour cette avant-dernière soirée, l'artiste a encore prouvé son aura dans cette ville d'adoption et de cœur. A. I.