Parlant du projet du Grand-Moyen-Orient (GMO), M. Bendjana a affirmé qu'il avait “une importance géopolitique”, en raison surtout de la présence d'Israël dans cette région. Assistons-nous aujourd'hui à un redéploiement géostratégique des Etats-Unis dans le monde, à la consolidation des positions traditionnelles de la superpuissance ou aux deux à fois ? Telle est la question centrale débattue, hier, au siège du Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS) de Ben Aknoun. Si le pays de l'Oncle Sam est reconnu comme étant “une hyperpuissance aux multiples facettes”, il n'en demeure pas moins qu'il a ses propres “limites” et afficherait, pour certains, des signes de “déclin”. C'est, du moins, le point de vue développé par le colonel Bendoukha, qui a également laissé entendre que les USA “ménagent” à présent “deux puissances stratégiques”, à savoir : la Chine et la Russie. De plus, ajoutera l'intervenant, la situation sociale, notamment des couches moyennes qui sont de plus en plus confrontées au chômage et à la précarité (plus de 7 millions de familles américaines ont perdu leur maison), laisse à désirer dans ce pays. De son côté, l'analyste Benaoumeur Bendjana a évoqué une “nouvelle doctrine militaire US”, apparue dernièrement, la définissant comme “une opération interactive entre la politique extérieure et la politique militaire”. “La doctrine militaire américaine est dictée par la politique générale, mais elle est concrétisée par la politique extérieure en s'appuyant sur la force militaire”, a indiqué le colonel retraité. Dans ce cadre, ce dernier a observé le nouvel intérêt porté par les Etats-Unis sur “la zone Asie-Pacifique”, alors que jusque-là, leur zone stratégique incluait l'Europe et l'URSS. Plus explicite, l'orateur a soutenu que les USA intervenaient sur deux fronts. Par la voie de l'Otan, avec les moyens militaires de pays membres de cette Alliance, pour mener des “opérations en arrière-plan”, comme cela a été le cas dans “la guerre en Libye”. Et par le biais de “groupes stratégiques” agissant sous la coupe des USA, grâce à la signature de conventions bilatérales pouvant se transformer en “alliance” : c'est le cas, par exemple, du face-à-face entre les bases militaires abritées en Arabie saoudite, Qatar et l'Iran. Pour ce qui est du projet du Grand-Moyen-Orient (GMO), qui va du Pakistan à la Mauritanie, en passant par la Jordanie, l'Egypte et l'Algérie, M. Bendjana a affirmé qu'il avait “une importance géopolitique” en raison surtout de la présence d'Israël dans cette région et “une importance géoéconomique” à cause de la richesse pétrolière. Lors du débat, des participants se sont interrogés sur les “véritables desseins” de la visite récente de Hillary Clinton dans la région maghrébine, d'autres se sont demandés “quelle autoroute doit prendre aujourd'hui l'Algérie ?” “La diplomatie US est en train de perdre des points ; aujourd'hui, on ose critiquer la position américaine”, a déclaré un expert international en économie, précisant plus loin que “le retour de la Chine et de la Russie a fait changer le discours des Etats-Unis”. H A