Les certitudes qui fondent les doctrines militaires occidentales sont ébranlées. Une bipolarisation asymétrique. Hyperpuissance américaine dans un système référentiel, hyperpuissance «quaïdienne» dans un autre système référentiel. Plus de possibilité d´évaluation cartésienne et de comparaison des forces en présence. Pas d´instrument d´évaluation des rapports de force. Professionnalisation, budget militaire lourd, projection des forces, premières lignes de défense déplacées des frontières vers l´intérieur des pays musulmans, mais pas d´affrontements militaires directs donc caducité des équipements à technologie avancée. Ceux qui sont nommés terroristes obligent les états-majors de défense occidentaux à porter le regard vers leurs propres territoires. Révision déchirante. Il n´est point rentable d´inclure dans la doctrine militaire un dimensionnement des forces capable d´assurer le succès à l´occupation militaire d´un pays ciblé jusqu´ à ce que soit renversé le régime en place pour lui substituer un gouvernement «ami», «acquis». Ce sont les Iraniens qui peuvent maintenant dormir tranquilles et envisager l´avenir avec plus de quiétude. D´un côté, l´alliance, de l´autre, une multinationale des attentats sous le label «quaïda». Comment faire appliquer l´article cinq de la charte de l´alliance qui implique la solidarité quand l´ennemi n´est pas un Etat, ne dispose pas d´un territoire et d´infrastructures à détruire, et quand il n´a pas d´adresse et qu´il n´a pas de visage? Première faille dans les certitudes américaines et annonce d´un aveu, peut-être d´un mea culpa et d´une réorientation de leur stratégie. Les auteurs des attentats sur le sol irakien ne sont plus des terroristes. Ils sont maintenant qualifiés de rebelles. Prémices d´un désengagement programmé et transformation de la résistance à l´occupant, en guerre civile? «Ce n´est pas seulement par les moyens militaires qu´on inflige une défaite à une insurrection», avouait dernièrement Condolezza Rice. Les concepts américains ont changé, sous la contrainte, face à la réalité du terrain. On ne parle plus de guerre préventive depuis qu´est fait le constat que la riposte est imparable et qu´elle contourne les voies de la guerre conventionnelle. La dissuasion a changé de nature et elle a surtout changé de camp. Ce sont ceux qui «rêvent» de se faire exploser qui ont en main, qui portent sur leurs corps les moyens de dissuasion. La lutte contre le terrorisme, contre tous les terrorismes, est une nécessité, mais pour qu´elle soit menée solidairement avec efficacité, s´impose la redéfinition du concept de terrorisme. Il ne devrait pas faire l´objet d´une application souveraine des Etats qui intégreraient leurs seuls intérêts et qui seraient libres d´incriminer qui ils veulent ou d´apporter leur bénédiction à qui ils veulent. Il faudrait une redéfinition de ce concept, la mise en place d´un comité onusien d´éthique et l´obligation de se soumettre aux recommandations de ce dernier qui pourrait dans ce cas précis, s´ériger en tribunal international. Mais c´est une utopie. Les grandes puissances en particulier le G8, additionnés à Israël et à bien d´autres puissances occupantes, auxquels on ajoutera les régimes dictatoriaux, ennemis de l´ouverture du champ politique, n´accepteront pas d´aller à une telle conférence qui contribuerait à diminuer leur autonomie de décision.