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DECODAGES
Les �tats-Unis et les r�voltes arabes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 06 - 2011


Par Abdelmadjid Bouzidi
[email protected]
Les r�voltes actuelles des peuples arabes contre les potentats qui les gouvernent ont amen� plusieurs analystes � voir dans ces soul�vements populaires la �main du diable� que sont les USA et ont r�duit ces r�sistances courageuses de la �rue arabe� (qui en a marre de la rapine, la r�pression, le mensonge qui caract�risent leurs dirigeants) � une simple manipulation orchestr�e par le d�mon am�ricain. Analyse bien r�ductrice pour ne pas dire simpliste purement et simplement.
Nous avons d�j� eu l�occasion d�expliciter les facteurs d�clenchants dans chacun des pays concern�s par ces r�voltes : Tunisie, Egypte, Y�men, Libye, Syrie. Nous examinons aujourd�hui la question de savoir s�il y a vraiment une �politique arabe des Etats-Unis� qui �clairerait la nature de toutes ces �r�volutions�. Un colloque international organis� le 23 mai 2011 par l�IFri (Institut fran�ais des relations internationales) sur le th�me �Les Etats-Unis et le monde arabe� a d�gag� quelques explications sur la question de savoir s�il existe r�ellement �une politique arabe des Etats-Unis� qui �clairerait les r�voltes du �Printemps arabe�. La premi�re piste d�battue est celle qui a conclu � l�existence non pas d�une politique arabe mais de plusieurs politiques arabes des Etats-Unis. On peut certes trouver des liants � ces politiques des USA vis-�-vis du monde arabe et les experts r�unis lors de ce colloque en ont identifi� trois : Isra�l, le p�trole et la stabilit�/s�curit�. Avec l�arriv�e de Barack Obama � la Maison Blanche, les USA pratiquent une d�marche non uniformis�e en direction des pays arabes prenant en compte, de mani�re pragmatique et dans �une approche r�aliste�, comme aiment � le souligner les strat�ges am�ricains, les perceptions et les dynamiques locales. Le cas de l�Egypte est symptomatique d�une politique ext�rieure am�ricaine s�adaptant au cas par cas : en l�espace de quelques semaines, les Etats-Unis sont pass�s du soutien � un r�gime �stable� (celui de Hosni Moubarak) � un appui � la r�volution en passant par un appel aux �r�formes�. La diplomatie de l�administration Obama affirme refuser l�approche id�ologique dans sa conception de la politique �trang�re pour une approche pragmatique : il s�agit de recr�er dans les pays arabes une �infrastructure humaine �, engager un dialogue s�rieux avec les acteurs principaux des soci�t�s civiles arabes en voie de changement et enfin de cr�er des espaces de partenariat �conomique (cf. Ifri. Les e-notes - 1er juin 2011). Les USA dans la r�gion Mena d�fendent-ils des int�r�ts strat�giques ou des vell�it�s d�mocratiques ? L�intervention des USA dans la r�gion Moyen-Orient/Afrique du Nord vise-t-elle � �d�mocratiser� la r�gion comme le d�clarait G. Bush avec son programme de Grand Moyen-Orient (GMO) ou bien s�agit-il tout simplement, avec B. Obama, de r�agir � des situations donn�es ? Les experts r�unis lors de ce colloque ont relev� que �si l�aide au processus d�mocratique a �t� dans un premier temps marqu�e par un soutien �conomique comme l�a d�montr� le premier budget 2010 destin� � la Jordanie et � l�Egypte, l�intervention en Libye a montr� que le soutien � la d�mocratie a repris le chemin des armes�. En acceptant de s�en remettre � l�Otan, les USA �vitent cependant d�appara�tre au premier plan d�une troisi�me agression militaire contre un pays musulman. (Ifri. OP. Cit). Il faut bien bien cependant souligner que les USA ont des int�r�ts strat�giques dans la r�gion du Golfe : lutte contre le terrorisme, coop�ration de non-prolif�ration nucl�aire, coop�ration militaire, s�curit� d�Isra�l. Il s�agit aussi de prot�ger les infrastructures p�troli�res notamment en Arabie saoudite car c�est toute la communaut� internationale et non pas uniquement les USA qui est d�pendante du p�trole et du gaz. Les USA et les r�voltes arabes La politique �trang�re am�ricaine au Moyen-Orient souffre de deux syndromes : le syndrome �irakien� produit par la politique de George Bush du �changement de r�gime par la coercition et le syndrome �iranien� de ce d�sir des Am�ricains de toujours se situer du �bon c�t� de l�histoire� qui se traduit ici par le soutien am�ricain aux opposants iraniens. Dans le cas actuel des �r�volutions arabes�, les USA sont confront�s � un dilemme : comment doivent-ils se situer entre un soutien sans faille aux aspirations d�mocratiques des peuples arabes et un manque de visibilit� quant aux cons�quences politiques et g�ostrat�giques que ce soutien induit. Grande question s�il en est. Faut-il ne rien faire et risquer alors d��tre accus� de ne pas soutenir la d�mocratie ? Ou faut-il au contraire faire preuve de soutien dans une r�gion o� les USA risquent de susciter des comparaisons avec le cas irakien. La doctrine Obama consiste plut�t en une �strat�gie du cas par cas� et une d�marche de �d�l�gation d�initiative� � d�autres acteurs alli�s en amis, les USA �vitant d��tre directement sur le front tout en soufflant sur la braise avec prudence et vigilance. Alors peut-on parler d�une �politique arabe des Etats-Unis lorsque leur engagement en Libye n�est pas le m�me que celui op�r� en Egypte, leur �contribution� au soutien de Benghazi contre Tripoli n�est pas la m�me que leur analyse de la r�volte syrienne, et que leur lecture de la situation tunisienne ne peut �tre compar�e � ce qu�ils envisagent pour le Y�men ?


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