C'est en présence d'une foule nombreuse composée de citoyens anonymes, d'artistes et des autorités locales, notamment du wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, que le regretté Mohamed Benhanafi, de son vrai nom, Aït Tahar Mohamed, poète, animateur à la radio Chaîne II, ancien maquisard et ancien commissaire politique, a été enterré hier dans son village natal Aït-Sidi-Athmane dans la commune des Ouacifs. Ses amis et les gens du village gardent de lui l'image d'un homme sincère qui a préféré réaliser un parcours artistique dans l'anonymat. Si El-Hachimi Assad, commissaire du Festival du film amazigh, dira qu'“il est de notre devoir de sauvegarder l'œuvre de cet homme au parcours exceptionnel. Nous avons lancé un projet : le recueil de sa poésie inédite. Benhanafi avait une autre facette, celle d'un homme qui aspirait à une Algérie plurielle et moderne”. Etait également présent à l'enterrement, Amine Zaoui qui, lui, évoquera le défunt sur un autre angle. “J'ai connu Benhanafi, comme poète et comme grande figure de la Radio nationale. Notre rencontre a eu lieu lors d'une occasion organisée par le HCA. Il est pour moi un maître, une école de la poésie et un repère pour les jeunes journalistes, tant sa personnalité réincarnait une présence, pleine de courage, de conviction et de modestie. Aujourd'hui, l'Algérie a perdu un grand homme de la poésie et de la radio.” Kamel Hammadi, une autre grande figure de la chanson kabyle, retient de son ami Benhanafi beaucoup de qualités. “Il ne disait jamais “moi” ou “je”. Mon souhait est de voir son œuvre sauvegardée à travers des livres ou des CD. Il a beaucoup lu et écrit. Un artiste modeste, errant comme Si Mohand ou M'hand.” L'artiste Kheloui Lounès se souvient de sa première rencontre avec le poète durant les années 1970. “Un homme serein, sérieux dans son travail. Benhanafi a choisi de vivre modestement.” Le chanteur moudjahid Hamid, actuellement hospitalisé, nous a appelé hier pour s'excuser de son absence à l'enterrement du poète dont il avait partagé bien des moments à la radio. De son vivant, il a aidé plusieurs artistes kabyles de renom. Enterré face au majestueux Djurdjura, le défunt laisse derrière lui l'image d'un poète généreux, sage et persévérant. Rares sont les occasions où il évoquait son parcours de maquisard. Benhanafi disait souvent : “J'ai travaillé pour le bonheur de mon pays.” “D'ailleurs, il a refusé de recevoir une pension de moudjahid”, témoigne un proche de Benhanafi qui s'est adressé à la foule. K. T