Le conclave de l'Interwilayas, tenu à Tizi Ouzou, n'aura pas réglé la crise de légitimité qui frappe de plein fouet le mouvement citoyen, particulièrement la CADC de Tizi Ouzou. Comment on est-on arrivé là ? Eléments de réponse. Les premières discussions publiquement remontent à la fin du mois d'octobre dernier. Les divergences contenues à l'intérieur des conclaves sont, désormais, sur la place publique. La coordination de Tizi Ouzou, membre de la triangulaire de la CADC organise des portes ouvertes à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri du 25 au 30 octobre ; l'activité organisée dans une institution publique a fortement déplu à la coordination locale de Mechtras qui assure la présidence en exercice de la CADC de Tizi Ouzou. Dans un communiqué rendu public, elle se démarque de ces portes ouvertes et a appelé à une rencontre extraordinaire pour le 30 octobre. Les autres coordinations membres de la présidence tournante, Tizi Ouzou et Aïn El-Hammam, convoquent, elles, un conclave ordinaire pour le même jour à Imzizou (Fréha). Le divorce est désormais consommé. Les deux conclaves se tiennent séparément, l'un à Imzizou et l'autre à Mechtras. Les deux “ailes” de la CADC décident de commémorer le 1er Novembre à Ighil Imoula. Le jour J, c'est le clash entre les frères ennemis. Même la polémique entre les deux groupes a pris de l'ampleur à tel point que les délégués ont failli en arriver aux mains sur fond de menaces désormais assumées. Il a fallu toute la diplomatie des membres du comité du village d'Ighil Imoula pour tempérer les “ardeurs” des uns et des autres. Depuis, c'est la rupture. La plénière d'Imzizou, somme neuf délégués de l'aile de la CADC de Mechtras de rejoindre le conclave des structures des archs, et les conclavistes de Mechtras répliquent par l'excommunication de six délégués du groupe d'Imzizou, dont Bélaïd Abrika. Ces exclusions mutuelles ont bien sûr leur origine : l'élaboration du document de mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Ce document dit référentiel a soulevé beaucoup de controverses. Les partisans de ce document sont accusés par l'aile de Mechtras de s'éloigner de l'esprit politique de la plate-forme d'El-Kseur, tandis que les “détracteurs” de ce même document sont catalogués comme étant des “antidialoguistes”. à Imzizou, plusieurs coordinations locales ont claqué la porte pour ne pas cautionner les résolutions du conclave et les exclusions prononcées à l'encontre de neuf délégués qui émargent au sein de l'aile de Mechtras. Il s'agit principalement des coordinations de Tigzirt, Makouda, Boudjima, Larbâa Nath-Irathen, Aït Jennad, les Ouacifs, Béni-Zmenzer et Aïn El-Hammam. D'ailleurs tout ce beau monde, en plus de l'aile de Mechtras de la CADC, n'a pas participé au conclave de l'Interwilayas du début de semaine en cours à l'Intht de Tizi Ouzou. Les tentatives de médiation et de réconciliation menées séparément par les archs de Larbâa Nath Irathen et les Ouacifs n'ont pas abouti, puisque les protagonistes campent toujours sur leurs positions, inconciliables les unes les autres. Mais Larbâa Nath Irathen ne désespère pas de réaliser la réconciliation au sein de la CADC, Coordination des archs, daïra et communes, de Tizi Ouzou. “La première phase de la commission étant épuisée, celle-ci procédera à une autre étape de la médiation, celle qui consiste à prendre attache avec toutes les coordinations qui ont préconisé la réconciliation, la sagesse et l'unité des rangs”, lit-on dans la déclaration de la coordination de Larbaâ Nath Irathen. Les coordinations qui se sont démarquées du conclave de l'Interwilayas ont adopté à Iflissen une déclaration dans laquelle il est noté que “cette empressement à l'adoption dudit document ne peut être que le résultat de tractations et de grenouillages secrets visant, sans aucun doute, l'asservissement de la Kabylie par l'argent sale”. C'est pour cela que les signataires de la déclaration refusent de taire une telle machination et considèrent les résolutions du conclave de l'Interwilayas “nulles et non avenues”. Les partisans du conclave de l'Interwilayas sont accusés de vouloir aller au dialogue à tout prix. Ces derniers dénoncent leurs accusateurs d'être à la solde d'un parti politique. Et ces accusateurs le leur rendent bien, en les qualifiant d'être au service d'Ouyahia et d'être manipulés par les partisans de la fameuse “troisième voie”. N'a-t-on pas cru, en effet, des délégués dénoncer les partis politiques, en oubliant le pouvoir “maffieux et assassin” ? Cependant, tout ce tralala qui a marqué les archs entre dans le cadre de la normalisation politique de la Kabylie en prévision de la présidentielle. Une Kabylie, qui ne croit pas au dialogue d'un pouvoir par définition antidialoguiste, mais attend l'aboutissement de son combat pour la citoyenneté. Elle y croit mordicus. Pourquoi alors la division des archs ? Question à Ouyahia. Y. A.