Moins de deux mois après leur dernière action de protestation, les travailleurs du secteur des travaux publics ne désespèrent point et reviennent à la charge. Ils ont entamé, hier, deux journées de protestation à l'appel du conseil de la wilaya d'Alger affilié au Snapap. Pour marquer cette nouvelle montée au créneau, certains travailleurs sont restés au niveau des 14 subdivisions et les autres ont tenu un rassemblement à la Direction des travaux publics à Hussein-Dey. “Nous avons déposé notre plate-forme de revendications au mois de janvier dernier. Mieux, nous avons même gelé le mouvement de grève de trois jours en attendant les réponses de la tutelle”, nous dit le président du conseil. Et de regretter : “Depuis rien de concret n'a été fait. La situation socioprofessionnelle des travailleurs n'a pas bougé d'un iota.” Et c'est ce qui a poussé le syndicat à opter pour deux journées de protestation. “Nous n'avons rien vu venir officiellement. La tutelle se moque de nous par des écrits ne portant même pas de griffes. Nous sommes complètement ignorés et nos interpellations restent sans échos. Mais dès qu'une action de protestation est annoncée, le téléphone sonne comme par enchantement”, ajoute S. Ghoul. Selon le président du conseil, la tutelle a tenté de les raisonner “en soutenant que des négociations sont en cours avec les départements concernés pour satisfaire la plate-forme de revendications des travailleurs du BTPH”. Mais le syndicat ne croit point en ses dires et estime que “s'il y a concertations et dialogue, il faut que nous soyons associés car qui mieux que les représentants des travailleurs pour connaître les conditions de travail dramatiques et défendre bec et ongles l'urgence d'une amélioration de ces conditions”. Abordant justement les conditions dans lesquelles les travailleurs exercent notamment sur les chantiers et les autoroutes, le président du conseil dira que celles-ci sont inqualifiables. “Les ouvriers accomplissent leurs différentes missions notamment les agents polyvalents en affrontant d'innombrables dangers et risques sur les chantiers de construction, les routes pour l'entretien, les autoroutes, la démolition des habitations précaires… alors que leur salaire n'atteint même pas le Snmg. Figurez-vous que même quand un animal est écrasé sur l'autoroute, c'est l'ouvrier qui doit prendre le risque de l'enlever”. Paradoxalement, les travailleurs, qui s'exposent à tous les risques, ne perçoivent même pas de primes de risques ! La plate-forme de revendications, déposée par le syndicat, réclame justement une augmentation salariale de 100% et l'octroi de primes pour les corps communs et techniques, l'amélioration des conditions d'hébergement dans les bases de vie… Pis, la plupart des travailleurs du secteur exercent en qualité de contractuels depuis de longues années. La revendication salariale est certes primordiale pour les grévistes mais la sécurité sur les différents chantiers reste également très importante. Les travailleurs réclament plus de sécurité et de meilleures conditions de travail. “Des collègues ont rendu leurs derniers soupirs sur les autoroutes et d'autres en sont sortis avec un handicap à vie ou l'amputation d'un membre. Nous ne voulons plus mourir sur les routes”. M. B.