C'est devenu une habitude : le président Bouteflika ne rate aucune occasion pour s'impliquer davantage dans le scrutin législatif du 10 mai prochain. Jeudi, à 48 heures de l'ouverture du 11e congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), il adresse une longue missive où il réitère son appel à une participation massive aux élections législatives. Pour le président Bouteflika, “les citoyens sont appelés à exprimer librement leur choix. Ils doivent savoir que leur voix est importante et qu'elle peut influer non seulement sur la prise de décision mais aussi sur la protection des acquis du pays et leur valorisation à travers le parachèvement des programmes d'édification et de renouveau susceptibles de consacrer développement et progrès”. Les garanties d'une élection libre et transparente sont, une nouvelle fois, données aux électeurs mais aussi à la classe politique qui continue à douter des intentions du pouvoir. Le premier magistrat du pays martèle que le scrutin de mai prochain bénéficiera de toute la transparence et de toute la liberté, mais insistera sur le fait que ce rendez-vous électoral est des plus décisifs dans l'histoire du pays. Pour lui, c'est le choix des électeurs qui déterminera l'avenir du pays et ce choix qui influera sur les contours de l'Algérie de demain. Le message adressé à la famille des moudjahidine est, on ne peut mieux, clair. “Notre pays, qui est passé de la légitimité révolutionnaire à la légitimité constitutionnelle, poursuit sa marche jalonnée de réalisations en matière de développement et ponctuée de réformes politiques dans le sens de la modernisation des institutions de la République, la consolidation de l'Etat de droit, l'ancrage de la pratique démocratique, la protection des libertés et la promotion des droits de l'Homme”. Il est temps de passer le relais, semble dire le chef de l'Etat. Pour lui, “la véritable révolution n'est autre qu'une volonté de changement, d'édification et de renouveau continu”. Un message lourd de sens qui reconnaît le désir et la nécessité d'opérer un changement salvateur. Balayant d'un revers de la main les vieilles certitudes et les slogans qui ont fait leur temps, le président Bouteflika estime que, désormais, “le patriotisme authentique est synonyme de bonne citoyenneté qui doit prendre forme dans le comportement exemplaire de tous les membres de la société mais également dans leur engagement à assumer leurs responsabilités, accomplir au mieux leur devoir national et exercer pleinement leur droit constitutionnel à travers leur participation massive aux prochaines échéances électorales, à commencer par les élections législatives”. En hissant la participation aux élections au rang des preuves suprêmes de patriotisme, le chef de l'Etat voudrait voir la famille révolutionnaire prendre conscience du rôle attendu d'elle dans la nouvelle conjoncture : convaincre la société de la nécessité d'aller voter. Cet énième appel à une participation massive aux élections de mai prochain renseigne des craintes du pouvoir de voir tout le processus de réformes politiques remis en cause, en cas de forte abstention, comme le laissent entendre tous les indices qui lui parviennent de l'Algérie profonde. Dans le sillage des révoltes arabes, l'Algérie a choisi la voie du changement en douceur. Mais le désintérêt de l'opinion publique risque de compromettre sérieusement la démarche du pouvoir, en dépit de toutes les assurances données par le chef de l'Etat et son implication personnelle dans la campagne de mobilisation. A B