La récession économique qui avait frappé de plein fouet notre pays avait provoqué un véritable séisme, des licenciements, des retraites anticipées, la fermeture d'unités économiques et un chômage galopant. Fleuron de l'économie nationale au début des années 1970, le complexe industriel Cycma avait atteint, en 1986, un pic de production de 45 000 cyclomoteurs, 80 000 cycles, 5000 moteurs stationnaires, 20 000 pièces de rechange et un effectif de 1600 salariés. La récession économique qui avait frappé de plein fouet notre pays avait provoqué un véritable séisme, des licenciements, des retraites anticipées, la fermeture d'unités économiques et un chômage galopant. Cycma, qui est en fait une mono-entreprise composée d'une unité de production et d'une direction générale qui se confondent littéralement, relève du SGP Equipage et est issue de la restructuration de Sonacome. Elle est devenue SPA, le 8 avril 1987, et elle est installée sur 138 000 m2, dont 40 000 sont couverts et abritent les différents pôles de process. D'autre part, l'ouverture du marché national aux produits d'importation, l'érosion du pouvoir d'achat des Algériens et la rude concurrence des produits asiatiques ont mis à genoux Cycma, puisque son chiffre d'affaires a dégringolé de 315 milliards à 78 milliards de dinars. La masse salariale a fondu, en l'occurrence 215 salariés, dont 163 à l'usine et le reste aux cinq points de vente dotés de grandes surfaces couvertes et de vitrines pour l'exposition implantés à Alger, Oran, Constantine, Chlef et Ouargla. Ce complexe est confronté à une grave crise de trésorerie, 280 milliards de centimes de dettes auprès des banques, 32 milliards à la Cnas et 15 milliards au fisc ; à l'obsolescence des produits, à la perte du marché auprès surtout des clients institutionnels. Lors de notre visite à Cycma, nous avons été frappés par l'état des lieux, puisqu'aucune restauration n'a été opérée depuis plus de deux décennies et un calme pesant règne dans les bureaux vides et tristes. Le directeur général, Rachid Benslim, ingénieur de formation, nous reçoit aimablement dans son vaste bureau et nous expose un état des lieux peu reluisant. L'unité de production est dotée d'un parc de 480 machines et installations diverses, une dizaine de machines à commandes numériques et un four de traitement thermique. Il nous confie : “Le passage d'une économie administrée à une économie de marché et la mondialisation nous incitent à améliorer la rentabilité et la compétitivité de l'entreprise. Nous visons la mise à niveau de la qualité des produits et des procédés de fabrication, la réhabilitation et la modernisation de l'outil de production, l'apport d'un savoir-faire technologique, l'accès aux marchés national et extérieur. Nos disposons d'indéniables atouts mais nous sommes bloqués par un endettement endémique qui perdure. Nous tournons actuellement à un taux de 5 à 10% de nos capacités, et des bons de commandes ne sont pas honorés par manque de financements. Nous risquons de perdre un client potentiel, l'ONAAPH, à qui nous livrons des centaines de tricycles pour handicapés. Les salaires n'ont pas été versés au collectif des travailleurs depuis trois mois, car nous nous attelons à régler certaines factures pour continuer à faire tourner nos machines.” La survie de Cycma relève de la ténacité, du sacrifice et du savoir-faire du staff qui effectue une véritable gymnastique pour assurer le gagne-pain aux 215 salariés qui préfèrent attendre des mois pour percevoir leur rémunération. M. Benslim poursuit : “Les pouvoirs publics devraient effacer les dettes de Cycma, à l'instar de nombreuses entreprises nationales, nous allouer un fonds de roulement pour concrétiser l'exploitation et un fonds pour les investissements et la remise à niveau des équipements devenus obsolètes. Nous sommes en mesure de relever le défi, de relancer la production et d'être compétitifs, car notre ambition est de conquérir le marché national et d'exporter nos produits à l'étranger. L'entretien des équipements est notre credo, car nous avons opté pour un rajeunissement du personnel, essentiellement des ingénieurs, des universitaires recrutés dans le cadre de l'aide à l'insertion professionnelle.” Le complexe industriel de Cycma est un acquis inestimable qui mérite une attention particulière des pouvoirs publics, qui gagneraient à faire confiance aux compétences nationales et à remettre sur les rails ce géant de l'économie nationale qu'il faut sauver à tout prix ! En effet, le passif est très lourd, les dettes sont astronomiques et aucun manager ne pourra accomplir un miracle dans le contexte actuel. La balle est dans le camp des décideurs ! H B