Malaise dans les consulats algériens en France : le spectre d'une forte abstention pèse sur les élections législatives du 10 mai alors que le gouvernement met la pression sur les chefs de poste pour doper la participation, seule garantie d'un scrutin réussi. Traditionnellement, le taux oscille entre 15 et 20% dans ce pays où réside la plus importante partie de la diaspora avec 801 000 inscrits sur un total de 988 000. “Habituellement, les élections pour la désignation des députés en Europe et particulièrement en France, où se trouve la majorité de notre communauté, se déroulent sur six jours avec un week-end (samedi et dimanche) au milieu, pour permettre à nos ressortissants de pouvoir se déplacer au sein des consulats pour accomplir leur devoir”, observe Abdallah, de l'Amicale des Algériens en Europe. Mais, lorsque la date du 10 mai a été fixée, on a omis de regarder le calendrier électoral de la France. Le 6 mai, les Français seront appelés à choisir définitivement leur chef d'Etat, au second tour de l'élection présidentielle. Il ne sera donc pas possible de faire voter les Algériens le même jour. Du coup, l'opération prévue sur six jours n'en prendra que trois, sans le week-end de forte mobilisation. Un contrecoup aggravé par des appels au boycott. Alors qu'ils ont reçu une première convocation pour se rendre aux urnes à partir du 5 mai, ils ne voteront finalement qu'à partir du 8. Du coup, le risque d'une forte abstention apparaît inéluctable malgré toute la bonne volonté des autorités consulaires, posant en même temps la question de la légitimité des quatre candidats qui seront élus. Certes, la loi ne prévoit pas de seuil de participation pour valider le vote. Pour autant, une faible participation ne va pas rehausser le prestige des élus qui ne sont pas tous tenus en bonne estime, à l'instar du député sortant du FLN qui réside en… Afrique du Sud. “Les Algériens de France ne croient plus en ces députés qui ont brillé par leur absence sur le terrain, et même après un mandat de cinq ans, ils ignorent encore leurs noms et ne connaissent même pas leur visage”, déplore encore M. Zekri qui soutient quand même la candidate Chafia Mentalechta, seule femme tête de liste sur les 18 qui se présentent dans la circonscription nord. Cette militante aguerrie, qui a fait partie du Conseil national du Parti socialiste français, n'a pas réussi à se présenter en indépendante après avoir réuni 675 parrainages. Ce qui est quand même une véritable performance. Elle défendra finalement les couleurs de l'Union des forces démocratiques et sociales de Noureddine Bahbouh. En France, la bataille électorale a commencé sous le signe d'une vive opposition au FLN et à son double, Al-Moustaqbal, accusés d'être partis en campagne avant l'heure, utilisant au mépris de la loi les symboles de l'Etat. Le FLN s'est même attiré les foudres de la Grande-Mosquée de Paris en inscrivant dans son programme la création d'une radio communautaire sous l'égide la vénérable institution qui est sur ce projet depuis bien longtemps. Une institution, au demeurant, qui ne doit pas avoir d'attache partisane. La fronde anti-FLN a même failli prendre la forme d'une marche devant le consulat, menée par le candidat du parti Ahd54, Omar Lesaït. Il demande que le FLN soit exclu de la course en raison de ses dépassements évoqués. En réalité, le FLN n'est pas le seul à avoir entamé sa campagne avant l'heure. Le candidat du FFS, Samir Bouakouir, a lui-même reconnu avoir distribué des tracts sur un marché de Montreuil. Il doit rééditer son opération aujourd'hui même à Barbès. Faut-il pour autant considérer cela comme un manquement passible d'exclusion. En France, les principaux rendez-vous pour la présidentielle ont eu lieu avant même le début de la campagne officielle. S'agissant des thèmes de la campagne, deux sujets majeurs. Le coût des vols vers l'Algérie et la discrimination qui frappe les investisseurs résidant à l'étranger. Le coût des vols reste l'un des plus chers au monde du fait que le gouvernement refuse toujours l'ouverture du ciel aux compagnies à bas prix. Quant aux investisseurs, ils sont traités comme des étrangers soumis à l'obligation de s'associer avec un partenaire qui sera l'actionnaire majoritaire. Autres sujets : la création d'une banque algérienne en France, la création d'un vrai service social consulaire et la mise en place de séjours linguistiques en Algérie pour les jeunes immigrés. A. O.