Les baltaguia font encore parler d'eux en égypte, où des assaillants non identifiés ont attaqué des manifestants réclamant le départ des militaires au pouvoir, faisant douze morts et replongeant le pays dans la violence à environ trois semaines de l'élection présidentielle. Les manifestants rassemblés depuis plusieurs jours près du ministère de la Défense égyptien au Caire, pour protester contre les militaires au pouvoir, ont été attaqués hier à l'aube par des assaillants non identifiés. Selon des médecins de l'hôpital de campagne installé non loin du lieu des affrontements, ces violences ont fait une vingtaine de morts. Un précédent bilan faisait état de 12 morts. Mais le ministère de la Santé égyptien a indiqué de son côté que neuf personnes ont été tuées et des dizaines blessées. Dans un premier temps, un médecin de l'hôpital de campagne a fait état de cinq morts et d'au moins 50 blessés dans les violences. à croire une source des services de sécurité, de violents affrontements ont éclaté, les deux côtés faisant usage de cocktails Molotov et de pierres. Trois candidats à l'élection présidentielle des 23 et 24 mai, celui des Frères musulmans Mohammed Morsi, l'islamiste Abdel Moneim Aboul Foutouh et l'avocat de gauche Khaled Ali, ont décidé de suspendre leur campagne en raison des violences. Parmi les manifestants près du ministère figurent des partisans du leader salafiste Hazem Abou Ismaïl, qui campaient dans le secteur depuis samedi en raison de l'exclusion par la commission électorale de ce candidat à la course présidentielle. Dimanche avant l'aube, une personne avait été tuée et 119 blessées dans des affrontements ayant opposé des partisans de Hazem Abou Ismaïl à des habitants du quartier d'Abbassiya, non loin du ministère de la Défense. Les violences lors des manifestations en égypte sont fréquemment attribuées à des hommes de main commandités notamment par l'armée, arrivée au pouvoir après la chute sous la pression de la rue du régime de Hosni Moubarak en février 2011, et connus sous l'appellation de “baltaguia”. Mardi, des informations contradictoires circulaient en égypte sur un remaniement ministériel qui fait l'objet d'un bras de fer entre les militaires au pouvoir et les Frères musulmans, première force politique du pays. Dimanche, l'Assemblée du peuple, dominée par les Frères, a décidé de suspendre ses séances pendant une semaine pour protester contre le refus du Conseil suprême des forces armées, à qui Hosni Moubarak a remis le pouvoir en démissionnant sous la pression populaire l'an dernier, de limoger le gouvernement. Les Frères musulmans ont ensuite annoncé que le président de l'Assemblée, Saad El-Katatni, l'un de leurs membres, avait reçu un appel du CSFA lui promettant un remaniement imminent. “Les séances du Parlement sont toujours suspendues et reprendront dimanche. S'il y a du nouveau d'ici là, nous adopterons une nouvelle position”, a annoncé Essam Al-Eriane, un haut responsable de la confrérie, sans donner plus de détails. Ceci étant, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a tenu hier une réunion urgente avec les grands partis politiques pour débattre des derniers développements de la situation, trouver une issue à la crise et former une Assemblée constituante pour l'élaboration de la nouvelle Constitution. Pour rappel, la campagne pour l'élection présidentielle s'est officiellement ouverte lundi, dans un climat dominé par la concurrence entre candidats islamistes et libéraux laïques. Elle s'arrêtera le 21 mai pour 48 heures de “silence politique” avant le premier tour les 23 et 24 mai. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin. L'armée a promis de rendre le pouvoir fin juin au nouveau président, à l'issue de ce scrutin d'une ouverture inédite en égypte, après des décennies d'élections-plébiscites largement boudées par les électeurs faute d'enjeu réel. En attendant, manifestations et violence sont le quotidien des égyptiens avec tous les risques que cela comporte. M T