La spirale de la violence s'empare de l'Egypte. Hier, au moins 20 personnes ont été tuées au Caire lors d'affrontements entre des manifestants hostiles au pouvoir militaire et des assaillants, amenant plusieurs candidats à l'élection présidentielle à suspendre leur campagne en signe de protestation, ont rapporté des agences de presse occidentales. Les deux camps ont échangé pendant des heures des jets de pierres et des cocktails Molotov, tandis que des personnes, le corps en sang, étaient battues à coups de barre de fer dans des scènes de lynchage en pleine rue. L'armée et la police antiémeute ont installé un cordon de sécurité pour tenter de séparer les deux camps dans ce secteur du quartier d'Abbassiya, à proximité du ministère de la Défense. Ces violences ont fait vingt morts et des dizaines de blessés, selon les médecins de l'hôpital de campagne installé non loin du secteur, le ministère de la Santé faisant état de son côté de neuf morts dans un bilan provisoire. Des assaillants non identifiés ont attaqué à l'aube les protestataires rassemblés depuis plusieurs jours pour réclamer le départ de l'armée du pouvoir, selon des sources de sécurité et des témoins cités par la presse. Parmi les manifestants figurent des partisans du leader salafiste Hazem Abou Ismaïl, qui campaient dans le secteur depuis samedi après l'exclusion par la commission électorale de ce candidat à la présidentielle, dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai. Hazem Abou Ismaïl fait partie de dix candidats sur 23 à avoir été éliminés en raison d'irrégularités dans leurs dossiers. Sa mère a obtenu selon les autorités la nationalité américaine, ce qui contrevient à la loi électorale qui stipule que le candidat, ses parents et son épouse doivent être uniquement égyptiens. La plupart de ses partisans crient «au complot» et refusent son exclusion. Dimanche, une personne avait été tuée et 119 blessées dans des affrontements avec ses partisans dans le quartier d'Abbassiya. Les violences lors des manifestations en Egypte sont fréquemment attribuées à des hommes de main en civil accusés d'agir sur commande. Réunion urgente Par ailleurs, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir en Egypte a tenu hier une réunion urgente avec les principaux partis politiques pour débattre des derniers développements de la situation en Egypte, trouver une issue à la crise et former une Assemblée constituante pour l'élaboration de la nouvelle constitution.