Après une nuit marquée par une nouvelle coulée de boue qui a engendré la destruction d'un abattoir communal désaffecté, la situation commençait à revenir à la normale hier, malgré le maintien de l'ordre d'évacuation des habitations en proie à cette avalanche de gadoue et de coulées intermittentes. Hier, la commune d'Illiltène était totalement vide de monde. Les établissements scolaires du Centre étaient tous fermés. Les autorités locales, en collaboration avec la direction de wilaya des travaux publics et la protection civile, ont procédé, hier matin, au contrôle du pont de Oued Bouchiker, au niveau du CW253 obstrué par la boue, depuis vendredi dernier, et étudié les possibilités d'ouvrir au moins une piste pour permettre aux piétons et aux véhicules légers seulement de circuler. Le maire d'Illiltène, Azzoug Oramdane, n'écarte pas le danger face à des coulées de boue intermittentes qui risquent à chaque instant de dévaler. “Nous allons ouvrir partiellement la route afin de permettre aux habitants et aux commerçants de se rendre au chef-lieu de commune. On prévoit la réouverture des écoles pour les classes d'examen seulement tout en prenant en considération une éventuelle évacuation d'urgence des élèves en cas de danger imminent”. Des engins des communes voisines ont été mobilisés, tout comme les particuliers qui se sont eux aussi rassemblés depuis avant-hier afin de construire des digues et d'éviter le débordement de la rivière qui traverse la commune et dont les gravats sont déjà arrivés au pied des bâtisses du chef-lieu communal. En haut de la montagne, des groupes de bénévoles se relient de jour comme de nuit, munis de projecteurs pour surveiller la progression de la coulée et donner l'alerte en cas de danger. “Le phénomène risque de prendre plusieurs jours et même des mois pour se stabiliser. C'est pourquoi on doit décider d'un retour progressif à la normale tout en maintenant l'alerte car le danger est toujours présent”, nous dira encore le maire d'Illiltène. Par ailleurs, le paysage qui prévaut au chef-lieu de commune et en haut du village Aït-Aïssa-Ouyahia est pour le moins affligeant. Et pour cause, des centaines de champs d'arbres de toutes sortes sont complètement déracinés et charriés vers le bas. Hier, en début d'après-midi, la coulée de boue était moins importante pour laisser place à une eau colorée qui coule dans l'oued, ne représentant aucun danger pour les habitants. Mais des mesures de précaution s'imposent face à une masse importante d'argile suspendue sur les hauteurs. En effet, dans un endroit, le glissement a formé un cratère de plus de 50 mètres de profondeur sur 300 mètres de largeur. En attendant une certaine accalmie, les citoyens de la région se sentent quelque peu délaissés et abandonnés à leur triste sort, comme ce fut le cas l'hiver dernier, lorsque d'importantes chutes de neige ont isolé pas moins de onze villages de la commune pendant une vingtaine de jours. K T