Le FLN crée la surprise et rafle la mise en remportant 220 sièges. C'est une victoire éclatante et sans appel pour Belkhadem, donné partant pour le 19 mai prochain, et un désaveu pour ses adversaires. Ces derniers comptaient sur la débâcle du parti lors du scrutin du 10 mai pour le débarquer du poste de SG. Mais sur le plan strictement organique, le score réalisé par le FLN va permettre à Belkhadem de procéder à la reconfiguration du bureau politique en évinçant ses adversaires. L'opération de l'assainissement des structures du parti, qui avait commencé lors de la confection des listes électorales par élimination des dinosaures, va se poursuivre car l'homme est pressé d'en découdre avec la vieille garde. Cette dernière, qui a monopolisé l'exercice politique et des responsabilités au sein de l'ancien parti unique mais surtout dans les institutions, est aujourd'hui forcée, la mort dans l'âme, de céder la place aux cadres des nouvelles générations. Politiquement, cette victoire place Belkhadem sur la trajectoire de la présidentielle de 2014. C'était de notoriété publique que l'homme nourrit des ambitions de briguer le poste du chef de l'Etat et succéder ainsi au président Bouteflika, qui a laissé entendre mardi dernier depuis la ville de Sétif qu'il ne se représenterait pas pour un quatrième mandat. Sur un autre plan, il y a lieu de préciser que ce score, inédit dans l'histoire du parti depuis octobre 1988, va rétablir l'hégémonie du FLN sur la Chambre basse du Parlement puisqu'il dispose d'une majorité confortable qui le met à l'abri des surprises lors de la présentation des textes importants. Ainsi donc, le FLN et son outsider, le RND, deux bras politiques du système, n'auront pas besoin de contracter une alliance parlementaire avec une force politique pour faire adopter les lois et autres décisions puisque à eux seuls, ils représentent 288 députés, en attendant bien évidemment le ralliement prochain de plusieurs élus sur des listes des petits partis et certains des listes indépendantes. Aussi, les résultats du scrutin offrent une majorité parlementaire confortable au président de la République pour faire passer son projet de la Constitution sans changements substantiels et profonds dans la mouture qu'il soumettra d'ici la fin de l'année en cours aux parlementaires. Cette majorité va permettre à l'alliance présidentielle, version revue et corrigée, de ne pas trop chambouler et modifier les textes présentés par l'Exécutif. Cette performance électorale est une garantie pour le FLN pour gouverner le reste du mandat présidentiel sans recourir à la cohabitation qu'aurait imposée politiquement la victoire des islamistes. Car si les islamistes avaient réussi à décrocher plus d'une centaine de sièges comme ils l'avaient pronostiqué avant jeudi dernier, ils auraient pesé lourdement dans l'orientation politique et idéologique de la future loi fondamentale et d'autres textes de loi qui seront présentés par un gouvernement formé par le président de la République. Il n'en fut rien. Les résultats des législatives du 10 mai 2012 sont un quitus donné au FLN, dont le président d'honneur n'est autre que le chef de l'Etat pour poursuivre la mise en œuvre de son programme présidentiel, et ce, conformément à l'article 79 de la Constitution. Comme au lendemain des évènements d'Octobre 1988, c'est une Assemblée à dominance FLN qui est chargée de conduire et parachever les réformes politiques et institutionnelles décidées par le premier magistrat du pays. Reste à savoir quelle cadence et quelle forme prendra le processus de changement promis par le président de la République dans les prochains mois à la lumière de la nouvelle configuration politique née du scrutin du 10 mai 2012. M A O