Après la proclamation des résultats officiels des élections législatives, il se confirme un vrai problème de fichier électoral. En théorie, ce fichier ne peut pas évoluer au lendemain de l'élection. Mais voilà qu'il diminue de dix-huit mille électeurs entre le vendredi 11, jour de l'annonce des résultats temporaires par le ministre de l'Intérieur, et le mardi 15, jour de l'annonce des résultats officiels par le Conseil constitutionnel. On peut concevoir que les chiffres concernant les résultats varient en fonction des rectifications et autres recours, mais le fichier électoral n'est pas susceptible de révision pendant et après le scrutin. Des électeurs sont repartis des centres de vote sans pouvoir exercer leur droit parce qu'ils n'ont pas trouvé leur nom sur la liste, sans que l'administration puisse réparer l'omission éventuelle, la liste transmise étant définitive et pas susceptible de révision. Pourquoi donc le fichier global peut-il subir un changement, si minime soit-il, quand on considère l'échelle du pays ? Cette question pose à son tour le problème de la rétention des résultats par wilaya. Pour l'analyse, il est important de recourir aux résultats par wilaya, le système de la proportionnelle corrigée dont les circonscriptions correspondent à cette unité administrative et territoriale. En particulier, il s'agit d'apprécier les raisons de la différence observée entre les résultats en termes de voix recueillies et de sièges obtenus par les différents partis, mais surtout pour évaluer l'effet de la dispersion géographique des voix pour un même courant ou une même formation. L'information électorale du niveau circonscription permettrait aussi de mesurer l'implantation réelle des partis éliminés par la règle des 5% et de la comparer avec les résultats chiffrés des partis dont les voix sont géographiquement disséminées. L'écart entre la part de voix récoltées et le nombre de sièges remportés qui, dans le cas du scrutin du 10 mai, qui a incontestablement profité au FLN, ne peut s'expliquer sans que soient examinés les résultats des wilayas. Eux-mêmes ayant normalement servi de base à la consolidation des résultats nationaux, il était naturel qu'ils soient rendus publics en même temps qu'étaient proclamés ces résultats globaux. L'omission de publier les résultats en termes de voix et de sièges dans les circonscriptions handicape la compréhension de la relation entre le système électoral et le résultat de la consultation. Comme on s'étonne de voir le fichier électoral “corrigé” par le Conseil constitutionnel, on peut aussi penser que cet oubli n'est pas fortuit. Si l'on y ajoute la réticence à laisser les observateurs consulter le fichier électoral, qui connaît quelques changements au-delà de la date du scrutin, l'interrogation se trouve renforcée, légitimée. M. H. [email protected]