Très populaire à Béchar et même dans toute l'Algérie, Essed a pris part, pour la sixième année consécutive au Festival national de la musique Diwan, et a présenté un mix entre ses anciens succès, et les prochains titres qui figurent sur leur nouvel album. Originaire de Kenadessa, la célèbre formation Essed, qui a été reconstituée entre 2005 et 2006, et en est aujourd'hui à la troisième génération, a présenté, lundi soir au stade En-Nasr, des extraits de son prochain album qui sort le mois prochain. Elle n'a pas privé le public, venu nombreux, de quelques-uns de ses titres phares, à l'exemple de « Ya latif », un morceau de Lemchaheb, repris à la sauce Essed. Mais qu'est ce que la sauce Essed ? D'abord des paroles engagées, des rythmes entrainants qui invitent à la fête, et une harmonie entre les musiciens-chanteurs. Essed s'illustre donc dans le genre Ghiwane, mais joue à sa manière le répertoire sacré du Diwane, à certaines occasions. Mené par son leader emblématique, Lahcène Bastam, le groupe qui a enrichit sa palette de sonorités notamment avec une Tumba, a fait revisité dans l'effervescence générale, les tires « El mizan maâdoul » (le titre phare du prochain disque qui comporte huit titres), « El kora li tejmaâna » (un morceau sur la violence dans les stades), « Ola, ola, sahraoua yelaêbou el kora » (un clin d'œil à l'équipe de football JS Saoura qui a accédé cette année à la première division), et « Tmenit ya rebbi l'Algérie champion » (une chanson pour l'équipe nationale de football). Près d'une heure de spectacle c'était peut être un trop court ! En tout cas, Essed se produiront le 3 juillet prochain à Alger, et le 4 juillet à Ain Defla. En attendant, on aura tout le temps de savourer l'album qui sort en juin. Le coup de gueule de Lahcène Bastam Rencontré quelques minutes avant de monter sur scène, Lahcène Bastam est revenu sur le lieu où se tient le festival : un stade de football qui n'a pas pour vocation d'abriter des concerts. « Nous sommes à la sixième édition du festival et il se tient encore dans un stade de football. Béchar n'a même pas un théâtre de verdure où le public pourrait s'asseoir et assister aux spectacles. C'est injuste pour une ville comme Béchar qui est importante et qui a des artistes connus. Je lance un appel pour que l'an prochain, il y ait un théâtre de verdure », a-t-il martelé. Il y a, en effet, quelques gradins très loin de la scène, le reste des spectateurs restent debout toute la soirée. Un écran géant a été installé pour permettre à ceux assistent aux concerts du côté des gradins de voir le spectacle…de loin. Outre Lahcène Bastam, beaucoup d'autres artistes de Béchar ont déploré l'inexistence d'un théâtre de verdure, qui permettrait aux talent de la région (et ils sont très nombreux) de se produire à longueur d'année, dans des conditions professionnelles. Le leader d'Essed dira, par ailleurs, que même si sa formation n'est pas vraiment concerné par la marginalisation, « les artistes ici sont ‘mahgourines' et n'ont pas tous notre chance. Pourtant, les artistes à Béchar ont beaucoup de talent et pratiquent la musique avec art, mais ne réussissent pas à émerger ». [De notre envoyée spéciale à Béchar : Sara Kharfi]