L'initiative citoyenne, notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées, Nabni, a entamé la publication de ses travaux réalisés dans le cadre de la préparation du rapport Algérie 2020 “Cinquantenaire de l'Indépendance : enseignements et vision pour l'Algérie de 2020”. Pour rappel, le rapport Algérie 2020 portera sur 5 thèmes : Développement économique et création d'emplois ; Education, savoir et innovation ; Santé, protection sociale et lutte contre la précarité ; Vivre ensemble (villes, urbanisme et culture) ; et, enfin, Gouvernance de l'Etat et des institutions. Hier, Nabni a publié le projet de chapitre “Développement économique et création d'emplois”. Une conférence-débat a été organisée à la salle Frantz-Fanon de Riadh El-Feth, Alger. Le projet appelle avec force à adopter rapidement des changements profonds et structurels dans la conduite des politiques économiques afin d'amorcer de manière urgente la diversification de l'économie algérienne. “L'horizon de la fin des exportations d'hydrocarbures est incertain. Dans l'hypothèse raisonnable que cette date fatidique se situerait autour de 2020-2025, il est plus qu'urgent que l'effort colossal que requiert la diversification de l'économie soit entamé immédiatement”, souligne Nabni, qui pointe le risque que le bateau Algérie coule, comme l'a été le “Titanic” pour reprendre la métaphore, utilisée par Nadji Benhacine. “Si on commence dans cinq ans, c'est déjà trop tard”, a insisté Nadji Benhacine. Faisant un survol de 50 ans de politique économique, il reconnaît que des progrès indéniables ont été réalisés. Depuis l'indépendance du pays, le revenu par habitant a plus que doublé, la consommation des ménages a aussi doublé, les taux de pauvreté ainsi que les inégalités ont tous deux baissé. “Cependant, ces progrès sont à relativiser. Des pays ayant à peu près les mêmes conditions de départ en 1962 nous ont très largement distancés : la Corée, durant la même période, a vu son revenu par habitant multiplié par 16, la Malaisie par 5 et la Turquie par plus de 3”, a-t-il fait remarquer. La dépendance de l'économie algérienne aux recettes d'hydrocarbures se manifeste par des taux de croissance qui ont été très volatiles depuis la fin des années 1960. Plus grave, depuis le milieu des années 1980, notre pays a entamé une phase quasi-ininterrompue de désindustrialisation, la part de l'industrie dans le PIB tombant en dessous de 6% à la fin 2011, alors que cette part s'approchait de 20% en 1985. Autre signe inquiétant de ce déclin industriel, les taux d'investissement des entreprises a constamment chuté de son niveau de plus de 30% au milieu des années 1970, à moins de dix pourcent aujourd'hui. Tous les classements du Forum économique mondial, Doing Business et Heritage Foundation pointent notre pays en queue du peloton. Au-delà de l'ambition de développement et de prospérité, ce réveil économique relève d'un impératif de sécurité nationale. À l'horizon 2020, projette Nabni, l'Algérie aura entamé une trajectoire soutenue de croissance forte, diversifiée et créatrice d'emplois. La croissance hors hydrocarbures devrait atteindre au moins 7% à partir de 2015. La part de l'industrie dans le PIB à 2020 pourrait atteindre 10% et celle des exportations hors hydrocarbures supérieure à 10% en 2020 (ce qui implique une croissance de ces dernières de 25% par an à partir de 2015). L'initiative Nabni identifie quatre leviers de rupture fondamentaux nécessaires à mettre en œuvre rapidement afin de réussir cette transition vitale pour la stabilité de notre pays. Le premier porte sur la nécessité de couper le cordon de la rente à l'horizon 2020. Le deuxième levier de rupture souligne l'urgence d'engager la nation dans une stratégie économique cohérente pour un nouveau modèle de croissance, produit d'un large consensus national, cette stratégie volontariste de diversification de l'économie, dont la première phase s'étalera jusqu'en 2020, constituera le cadre de référence et de cohérence de toutes les politiques publiques relevant de la sphère économique. Le troisième levier de rupture porte sur l'adoption d'une nouvelle approche des politiques de l'emploi et de la formalisation de l'économie. Le quatrième levier de rupture propose de changer de manière fondamentale le cadre de gouvernance économique et l'approche de l'Etat en matière de conduite des politiques économiques. En tout, Nabni suggère 14 chantiers. La présentation du rapport a donné lieu à un débat très animé. Au-delà des considérations techniques, les intervenants, notamment Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, ont souligné “le besoin non seulement de définir les équilibres des pouvoirs, mais aussi de définir ce qu'est la richesse”. R M