Le chantre de l'amour Farid Ferragui était, mardi dernier, l'invité de la rencontre “Parole aux artistes” qu'organise la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou et qu'anime l'animateur radio-télé Sliman Belharet. Une rencontre organisée à la veille de la sortie d'un nouvel album Nek dh imaniw (avec moi-même) et aussi à l'occasion de la 30e année de sa carrière artistique. Farid Ferragui s'est confié à cœur ouvert à ses fans, venus nombreux voir et écouter un homme, un artiste au grand cœur. Le chanteur reviendra longuement sur la folie accompagnatrice du poète, sur ses voyages dans les délires les plus profonds de son être, ses retours dans des moments de conflit avec lui-même, son enfance passée dans le dénuement en temps de guerre. “Je flirte avec la folie, elle vit en moi, elle m'aime, mais chacun respecte son territoire. Elle me préserve”, dira-t-il. Et d'ajouter : “Il y a des moments où on est appelé à laisser ce qu'on aime dans le but de le préserver. Pour le moment, je suis comblé d'amour par mon public et s'est à lui de décider si un jour j'arrêterai.” Le chanteur n'a pas pu contenir ses larmes sur l'estrade du petit théâtre de la Maison de la culture, et ce, face à un beau monde venu écouter quelques extraits du dernier album de leur artiste préféré et qui, comme à ses habitudes, nous plonge dans la douceur d'un luth enivrant et d'une voix rare. Hanté par son passé, l'homme le revit par la poésie. La poésie lui permet également d'aborder l'avenir. Une longue histoire qu'il raconte et qu'il partage avec ses fans, une forme de confession, une confession d'amour, chantée sans tabou. Dans ce nouvel opus, Farid Ferragui, plus loin dans ses souvenirs, va à la rencontre de Ali, l'enfant qu'il était. Il fallait atteindre cette enfance passée dans un moment de déchirement, que l'artiste arrive à surmonter par la chanson. Farid Ferragui est peut-être né de ce moment de duel entre lui-même, entre Ali et Farid, les deux enfants qui vécurent ensemble, en un seul corps, celui du poète. Une histoire qu'il préféra chanter 30 ans après, à travers une chanson de 25 minutes. Une incitation au voyage. Un album aussi à écouter. K. T