Le chanteur béjaoui, Nacer Aftis, plus communément connu sous le nom d'artiste Inayen, revient sur la scène après une longue éclipse. Le retour est effectué via un nouvel album, Imaniw (seul). Six chansons où le maître mot nous dit les peines, l'inachevé, l'amour incompris et l'espoir. Le titre phare Shigh imaniw (je me suis oublié) est une complainte, un flash-back sur un « laisse-toi vivre et laisse vivre » fait de bonne chair, de bohème et d'un zeste de penchants, passant à côté de l'essentiel de ce qui aurait pu bien être une vie rangée. La muse de l'artiste est titillée par la thématique de ce qui avait fait l'un des gros succès de Johnny J'ai oublié de vivre, en 1977. La composition rappelle quant à elle le langoureux registre de Kamel Messaoudi. Cette lassitude est nourrie par l'amour brisé, Takhatemt (la bague), et par des interférences dans l'intimité du couple Ray n'bavam, portant le coup fatal au foyer infondé. Le recul est aussi nostalgie ; Addane Wussan (les jours ont passé) ou ce qui demeure gravé comme partages. Avec le 5e titre Andalats (où est-elle ?), l'album peint le dernier tableau de la fresque : la recherche de la délivrance, l'âme sœur ou la fin de l'errance et du chagrin vécu. La chanson Andalats, dont la parenté reste vague, n'est pas en fait à sa première interprétation. Travaillée à l'origine sur un rythme slow, une touche salsa l'a allègrement emballée, enlevant de sa mélancolie, un peu pour l'espoir qui renaît. C'est de la future consécration du bonheur que germe l'idée de reprendre Gouraya de Hamid Azal. Ce sixième titre clôture l'album dans une ronde assaisonnée d'allégresse et invitant au déhanchement. Gouraya, du nom du saint patron de la ville de Béjaïa, est la promesse de l'offrande au cas où le Barhan invoqué dénouait le chagrin « ... Bgayet de murailles protégée, de mers cernée... celui venant en visiteur, après le thor s'y rendant, en aura le cœur comblé... ». Voilà en tout six titres qui conjuguent une voix velours et un habillage cuivre et effleurements salsa. Un album qui a plongé Nacer dans un ermitage au studio Berkani. En tout, 3 ans de modelage, obsédé par la recherche de la meilleure sonorité et de la meilleure harmonie. Les arrangements de Bazou sont un label de la maison Berkani que reconnaît Nacer, très exigeant.