Les membres du bureau fédéral du Syndicat autonome des fonctionnaires de la justice bouclent aujourd'hui leur 28e jour de la grève de la faim dans un état des plus critiques. Le pire est que les grévistes ne comptent pas mettre fin à leur action mais “envisagent de passer prochainement à de nouvelles actions suicidaires”, indique un communiqué du comité de soutien affilié au Snapap qui tire la sonnette d'alarme. Il réclame ainsi “une intervention urgente, l'ouverture d'un dialogue, la réintégration de tous les fonctionnaires suspendus et l'arrêt de toutes les intimidations et harcèlement”. De son côté, le Snapap, qui a déjà interpellé les plus hautes autorités du pays, s'est tourné en désespoir de cause vers la commission des droits de l'Homme de l'ONU. Le président de cette instance a été sollicité le 29 mai dernier par le premier responsable du Snapap pour “une intervention auprès du gouvernement pour sauver le vie des grévistes de la faim”. “Je viens solliciter votre intervention auprès du gouvernement algérien qui refuse de dialoguer avec les membres fédéraux du secteur de la justice”, écrit Rachid Malaoui. Et d'expliquer : “Le gouvernement, étant réconforté par le silence de la communauté internationale, ferme toutes les issues du dialogue au mépris total des souffrances endurées par les grévistes.” Le président du Snapap revient sur la genèse du conflit qui a éclaté le 10 avril dernier suite à un appel à une grève générale qui a paralysé le secteur à 95%. Malheureusement, “pour étouffer cette large mobilisation, les autorités ont lancé une véritable campagne de répression ciblant particulièrement les femmes par des arrestations et des interpellations sur les lieux du travail. Les femmes sont bousculées, agressées par les procureurs et violentées par les policiers”. Les greffiers ont répliqué par une grève de la faim qui a commencé le 6 mai dernier. Leur état de santé s'est dégradé au fil des jours. Le comble est que “les autorités sévissent même à l'hôpital de Rouiba où les femmes grévistes sont évacuées à plusieurs reprises pour des soins d'urgence. Une forte pression est exercée sur les médecins. C'est ainsi que le 25 mai 2012, le médecin qui a décidé d'évacuer une gréviste vers le CHU de Mustapha-Pacha est revenu sur sa décision sous la pression de la direction qui a prétexté l'absence d'ambulance pour assurer le transfert de la gréviste totalement inconsciente”. Et de conclure : “Les femmes grévistes de la faim, entre la vie et la mort, luttent désespérément pour rompre le silence de plomb sur la réalité des travailleuses en Algérie et pour dénoncer l'arbitraire, l'injustice, les atteintes à la dignité et la reconnaissance de leurs revendications légitimes.” M B