L'élection de Hu Jintao au poste de secrétaire général du parti constitue-t-elle un changement à la tête du pouvoir chinois ? Les observateurs hésitent à être catégoriques quant à la passation des pouvoirs qui semble s'opérer à Pékin. Certes, Jiang Zemin a cédé le secrétariat général du PC à Hu Jintao (59 ans), mais la présidence de l'Etat et les armées restent sous sa coupe. Les spécialistes de la politique chinoise estiment que l'ex-n°1 a pris toutes les précautions pour garder sous sa surveillance le nouveau patron du parti communiste. Six des sept nouveaux membres du bureau politique seraient des hommes de Jiang Zemin. Apparemment, il aurait adopté la même tactique que son prédécesseur Deng Xia Ping, qui l'avait propulsé au sommet en 1989, tout en conservant le rôle de vrai patron. Un ancien politologue chinois, Ding Xueliang, est allé plus loin en affirmant : “Si Jiang se maintient en bonne santé pendant dix ans, cela posera un gros problème à Hu Jintao. Il va rester derrière le rideau pendant quelques années pour trancher les questions sensibles.” À 76 ans, Jiang Zemin n'est pas disposé à céder le pouvoir, auquel il a pris goût, alors que pour beaucoup d'observateurs en 1989, il allait être un “n°1 temporaire”. Non seulement, il s'est accroché pendant treize ans, mais il compte garder le beau rôle assez longtemps encore, comme le montre le nombre des ses alliés placés dans l'entourage du nouveau secrétaire général. Ce dernier serait promis à des jours très difficiles, car il n'aura pas les coudées franches pour gouverner. “Cette situation risque d'entraîner une lutte sérieuse pour le pouvoir. En plus, certains des nouveaux dirigeants ne sont pas populaires”, a commenté le professeur Chengli, chercheur au centre Woodrow Wilson de Washington D.G. Une chose est sûre, ce qui s'est passé lors du congrès du parti communiste est un véritable événement dans un pays habitué à la pensée unique. Ceux que le pouvoir appelait “les capitalistes”, les entrepreneurs en l'occurrence, ont fait officiellement leur entrée au sein du parti, laissant penser qu'une ouverture vers l'économie de marché serait possible. les nouveaux venus sont décidés à imposer leur vision des choses sur le plan économique. Parviendront-ils à casser la résistance que leur opposera la vieille garde que Jiang Zemin a pris le soin de placer dans les différents rouages du parti ? Les observateurs estiment que les changements opérés lors de ce congrès sont un premier pas vers l'ouverture à Pékin. Reste à savoir combien de temps tiendront les entraves placées par l'ex-numéro un du parti. K. A.