Le Parti communiste chinois (PCC) va tenter de redorer son blason à l'heure où la société civile se fait de plus en plus critique d'un régime qui a laissé se creuser un fossé entre gagnants et perdants de l'ouverture économique. Le quatrième plénum depuis le congrès du parti de novembre 2002 rassemblera, à huis clos, tout le gotha politique de Pékin dans un hôtel de l'ouest de la capitale dont la physionomie change de jour en jour. Si la précédente réunion plénière, à l'automne dernier, avait été consacrée aux questions économiques, avec l'adoption de la propriété privée dans la Constitution, celle qui s'ouvre aujourd'hui doit plancher sur le thème du renforcement des capacités de gouvernance du parti, aux commandes depuis un demi-siècle. La Chine s'interroge sur la manière de contenter tout le monde sans faillir à son idéologie. De fait, il n'est toujours pas question de démocratisation dans le pays le plus peuplé au monde. Des réformes démocratiques conduiraient la Chine dans une impasse, n'a-t-on cessé de clamer à Pékin. Hong Kong, l'île rétrocédée par les Britanniques, vient de subir cette politique. Ses candidats démocrates ont été réduits à une portion congrue en faveur de membres du PCC. Les Occidentaux s'accommodent de l'exception chinoise pour ses marchés et ses perspectives. Pékin, c'est la prochaine puissance économique, le seul pays dont la croissance reste à deux chiffres. Si les prix des matières premières flambent dans les Bourses, c'est à cause de la demande chinoise. Le boom chinois a favorisé une couche estimée à 60 millions de personnes, ce qui est énorme mais insuffisant face au milliard de Chinois, plus particulièrement aux ruraux dont le niveau de vie a chuté brutalement et qui affluent vers les villes. C'est pourquoi, au sein du parti, l'heure est aussi au resserrage de boulons. Ses dirigeants sont conscients que le PCC fait face à de nombreux problèmes, notamment la corruption, l'incompétence de certains cadres et l'absence de liens avec le peuple. Aussi, préconisent-ils la modernisation de son propre fonctionnement pour gagner le soutien dans l'opinion. La popularité et la transparence semblent être deux des préoccupations de Hu Jintao. “L'exercice du pouvoir sans contrôle aboutit à des abus et à la corruption”, a-t-il déclaré dans son discours devant l'Assemblée populaire (Parlement). Cependant, le jeune président chinois n'a toujours pas les coudées franches. Pour devenir numéro un, Hu doit également remplacer Jiang Zemin à la tête de l'armée. Mais l'ex-président fait de la résistance et il est loin d'être acquis que Jiang, 78 ans, annonce sa retraite complète à l'occasion de ce plénum. La veille de sa réunion, le PCC donne un gage de sa disposition à mieux écouter la société civile : Xu Guang, militant du Parti démocrate chinois interdit, a été libéré de prison après avoir purgé une peine de cinq ans pour tentative de subversion du pouvoir de l'Etat. Ce parti avait été fondé en 1998 par la dissidence chinoise après la signature par la Chine de la convention de l'Onu sur les droits civils et politiques mais, très vite, il a été interdit et ses animateurs arrêtés. D. B.