Décidément, la situation sécuritaire est loin d'être calme en Libye. Des incidents et des dépassements sont régulièrement signalés dans différentes régions du pays. L'affaire de l'occupation de l'aéroport de la capitale Tripoli n'avait pas encore connu son épilogue lundi que des affrontements armés avaient éclaté dans la soirée à Benghazi entre des membres de la police militaire et une brigade de cette ville de l'Est libyen, après la mort d'un jeune à un point de contrôle à l'ouest de la ville. Ces violences interviennent à un moment où le nouveau régime essaie vainement de convaincre la population et la communauté internationale de sa capacité à assurer la sécurité dans le pays à la veille des élections d'une Assemblée constituante. Parmi les mesures prises par le gouvernement pour apaiser la tension, il y a lieu de signaler celle intégrant dans les ministères de l'Intérieur et de la Défense plusieurs milliers d'ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi. Il n'en demeure pas moins que plusieurs brigades lourdement armées sont toujours récalcitrantes ou exigent d'être intégrées sans être dissoutes. Pis encore, certaines d'entre elles n'hésitent pas à recourir aux armes pour le moindre conflit d'intérêt ou pour faire plier les autorités. En d'autres termes, la Libye post-Kadhafi n'arrive toujours pas à gérer ses milices. La conséquence est que des milliers d'armes circulent alors que les attaques sont légion, notamment pour des raisons financières, car les indemnités payées pour la guerre n'arrivent généralement pas entre les bonnes mains. Pour en revenir aux affrontements de Benghazi, des sources sécuritaires de la ville ont indiqué que des combats étaient encore en cours autour du QG de la police militaire vers minuit. Un responsable de sécurité a affirmé qu'un jeune membre d'une brigade de la ville a été tué par balle près du check-point d'Al-Gawercha tenu par la police militaire, ce qui a déclenché les hostilités. Les affrontements ont commencé autour de ce point de contrôle avant que la brigade n'attaque le QG de la police militaire dans le quartier d'Abouhdima où des tirs d'armes de différents calibres et des sirènes d'ambulances étaient toujours entendus. Vers minuit des combats étaient en cours autour du QG de la police militaire à Benghazi. Plus tôt dans la journée, des ex-rebelles avaient pris d'assaut l'aéroport de Tripoli, bloquant le trafic aérien, pour dénoncer le mystérieux “enlèvement” de leur chef, avant que les autorités ne parviennent à les chasser et à reprendre le contrôle de la situation. Par ailleurs, les autorités libyennes ont annoncé avoir repris le “contrôle total” de l'aéroport de Tripoli, attaqué quelques heures plus tôt par des hommes qui ont paralysé le trafic aérien. Le vice-ministre libyen de l'Intérieur, Omar Al-Khadrawi a déclaré aux journalistes à Tripoli que “les autorités ont le contrôle total de l'aéroport”, avant d'ajouter que des dizaines d'assaillants avaient été arrêtés et leurs armes saisies. À noter que le Conseil national de transition avait autorisé les ministères de l'Intérieur et de la Défense à “utiliser tous les moyens nécessaires, même la force”, pour reprendre l'aéroport. Les forces de sécurité ont pris d'assaut l'aéroport après l'échec des négociations, a dit M. Khadrawi. “Certains des assaillants ont pris la fuite, d'autres se sont rendus sans résistance”, a précisé le ministre, ajoutant que 30 à 40 personnes avaient été arrêtées. Omar Al-Khadrawi a indiqué au passage que des “saboteurs” ont fait exploser un hangar et mis le feu à des champs entourant l'aéroport. MT
