Déniché sur le blog cafaitgenre.org, voici (compilée) une série d'articles qui analyse la représentation de la femme dans les jeux vidéo. Tenu par une étudiante en lettres modernes, future professeure de français et militante féministe, intéressée par les études de genre et par les combats pour une réelle égalité, aspirant à travailler dans l'industrie du jeu vidéo, mar_lard est derrière le blog cafaitgenre.org, qui propose plusieurs thématiques pour réfléchir à la question du genre, un blog qui se veut à la fois engagé et pédagogique. Le premier article est titré Genre et jeu vidéo : Pour le plaisir des yeux masculins ; le second parle des femmes comme récompenses dans les jeux vidéo. D'autres articles suivront prochainement. “Quelle qu'en soit la raison, les jeux vidéos semblent avoir plus de difficultés à aborder le genre de manière mature que n'importe quel autre support, à l'exception peut-être des comics. Entre son exploitation intensive et peu subtile de fantasmes masculins, ses difficultés à mettre en scène un personnage féminin avec plus de profondeur que ses implants mammaires et ses représentations gamines de la sexualité, le média paraît empêtré dans une perpétuelle adolescence. Peut-être l'industrie entend-elle ainsi flatter ceux qu'elle imagine constituer son public ?” Depuis Atari “Le phénomène ne date pas d'hier ; dès que les premières machines furent capables d'afficher deux pixels côte à côte, il y eut des développeurs pour tenter de leur donner des formes féminines. On trouve ainsi des jeux 8-bits sur Atari pour tenter l'érotisme voire la pornographie : Beat'Em&Eat'em, un jeu pornographique sur Atari.” De Lara Croft à Street Fighters, toutes gonflées à bloc “Je ne peux évidemment pas écrire cet article sans évoquer celle que vous connaissez tous : Lara Croft, héroïne du jeu Tomb Raider. La légende veut qu'en modélisant sa poitrine, son créateur Toby Gard ait accidentellement effectué une augmentation de 150 % que le reste de l'équipe aurait décidé de conserver, donnant ainsi naissance aux célèbres polygones.” “L'écran de sélection d'un jeu de combat s'apparente beaucoup à un écran de sélection des fétiches en ce qui concerne les personnages féminins. Observez donc le choix que nous propose la série Street Fighter : Vous préférez la militaire aux fesses bien cambrées, la chinoise cuissue, la nubile sauvageonne ou l'écolière genki ? Y'en a pour tous les goûts messieurs et...messieurs !” La femme, une récompense “Le héros sauve la demoiselle en détresse, elle tombe follement amoureuse de lui, ils se marient et vivent heureux jusqu'à la fin des temps . Y a-t-il un scénario plus immémorial que celui-là ? Dans toute fiction contant l'histoire d'un personnage principal masculin (c'est à dire la grande majorité), le personnage féminin principal tient généralement le rôle de prospect romantique à conquérir. Au cours de ses aventures, le héros devra la charmer, l'impressionner ou la secourir pour s'attirer ses faveurs, après quoi il pourra pleinement jouir de son happy ending. Qu'elle soit le trophée principal de l'histoire (si l'objectif du personnage principal est de la séduire ou de la sauver) ou simplement une agréable annexe (si le personnage principal poursuit un autre but et que la romance est parallèle à l'aventure), la femme s'en trouve souvent reléguée à la fonction de récompense méritée par le personnage masculin, parfois parmi d'autres (liberté, gloire, richesses...)” Mario et Juliette “Dans la famille des jeux dont le scénario tient en deux lignes, il n'y a pas plus connu que la série des Mario. Voilà maintenant plus de 30 ans que le célèbre plombier doit régulièrement secourir son amoureuse, la Princesse Peach, après l'un de ses fréquents kidnappings. En récompense de ses efforts, il peut espérer un chaste bisou sur la joue. Dans d'autres cas, une femme semble soudain frappée de connerie galopante dans le seul but de donner au héros une occasion de la sauver. Final Fantasy VIII nous offre un superbe exemple.” Au japon, les jeux ont leur version érotique “Mais tous ces exemples ne différent pas vraiment de ce qu'on peut trouver dans d'autres médias. Non, la vraie particularité du jeu vidéo en la matière, c'est son interactivité qui lui permet d'offrir des femmes non plus au personnage principal mais directement au joueur. Un jeu fonctionne en effet sur le principe de récompense : plus le joueur est doué, plus le jeu le gratifie de points, de bonus, de trophées... qui prennent parfois la forme de femmes dénudées. Le concept est particulièrement développé au Japon où la quasi-totalité des genres dispose d'une variété érotique. Le principe reste généralement le même : vous affrontez des jeunes femmes qui se déshabilleront un peu plus à chaque round que vous gagnez.” “D'autres jeux vous permettent de collectionner les femmes comme des trophées. The Witcher vous propose un grand nombre de personnages féminins à séduire au cours de vos aventures ; si vous parvenez à les attirer dans votre lit, vous obtiendrez son portrait érotique. Un petit tour d'horizon : le phénomène est massif et touche, une fois de plus, quasi-unilatéralement les femmes... L'industrie s'adresse encore et toujours aux mâles hétéros en priorité, et l'archétype de la femme-récompense reste un moyen simple et sûr de flatter leur égo et leur libido.” Y. H.