Réda Hamiani : patron des patrons Né en 1944 à Mostaganem, Réda Hamiani est titulaire d'une licence en sciences économiques et politiques, d'un diplôme de l'Institut d'administration des entreprises et de celui d'études supérieures en économie. Il a enseigné à la faculté de droit d'Alger de 1969 à 1972. En 1973, il crée avec son frère Abderrahmane la marque de chemise Redman. Redman est la contraction des prénoms Réda et Abderrahmane. En 1989, il a participé à la création de la Confédération algérienne du patronat, dont il a assuré la présidence en 1991. Le savoir-faire de Réda Hamiani lui a valu, en 1994, de devenir ministre des PME-PMI. En 2000, il a participé activement à la fondation du Forum des chefs d'entreprises, qu'il préside depuis 2006. Depuis, il participe à tous les débats portant sur l'avenir économique du pays. Réda Hamiani ne cesse de dénoncer les obstacles contre les producteurs, les créateurs de richesse et les chefs d'entreprise qui prennent des risques et qui décident de se lancer dans l'aventure industrielle. Mohamed-Laïd Benamor : success-story à l'algérienne La réussite que constitue le groupe Benamor montre que l'entreprise privée, malgré les difficultés, demeure le moteur de la croissance du pays. Sous la direction de son P-DG, Mohamed-Laïd Benamor, le groupe a réussi, en l'espace de moins de trois décennies, le pari de devenir leader sur le marché national en matière de tomate industrialisée. Fondé en 1984 par le défunt père Amor Benamor, le groupe dispose d'une conserverie spécialisée dans la production de la tomate concentrée sous plusieurs formes. En plus de la tomate, le groupe dispose également d'une filiale spécialisée dans la transformation du blé dur en divers types de semoule. L'approche industrielle et le développement de l'outil de production ont été le moteur du Groupe Benamor. L'implication de Mohamed-Laïd Benamor dans la promotion de l'entrepreneuriat a fait qu'il a été investi d'une mission importante qui est d'accompagner des femmes chef de PME pour aller vers l'export. Ce membre actif du FCE est également président du Conseil interprofessionnel des céréales (CIC). Bélaïd Abdeslam : l'homme des nationalisations Bélaïd Abdeslam est un militant de la première heure. Né 1928 à Aïn El-Kebira dans la wilaya de Sétif, il commence par militer au Parti du peuple algérien puis au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques. Durant la guerre d'Algérie, il prend la responsabilité du département d'anglais du GPRA. Après l'indépendance, il devient le premier président de Sonatrach (1964-1966), et l'inamovible ministre de l'Industrie et de l'Energie de Boumediene (1965-1977), puis des Industries légères (1977-1979). Mais, au-delà de ce parcours, le nom de Bélaïd Abdeslam reste étroitement lié un des plus importants événements de l'Algérie indépendante, à savoir l'industrialisation. Il avait la haute main sur toutes les politiques et projets industriels. Celui qu'on surnomme le “père de l'industrialisation algérienne" a conduit également le dossier des nationalisations des hydrocarbures. Son retour au Premier ministère entre juillet 1992 et août 1993, dans une conjoncture assez particulière, n'a pas été à la hauteur des espérances. Attar Abdelmadjid : expertise avérée n Né en 1946 à Bougaâ, Abdelmadjid Attar est licencié en sciences de la terre (géologie) et ingénieur en géologie pétrolière. M. Attar intègre Sonatrach en avril 1971. Il y sera successivement ingénieur géologue, directeur de l'exploration et enfin président-directeur général. Il dirigera ensuite le holding public chimie, pharmacie et services, de juin 2000 à septembre 2001. Il a également été ministre des Ressources en eau dans le gouvernement de Ali Benflis. M. Attar a, à son actif, une vingtaine de publications scientifiques sur l'énergie. Consultant international, sa connaissance du secteur de l'énergie fait de lui un analyste très pointu. Se classant lui-même parmi les réalistes, Abdelmadjid Attar estime qu'il existe encore du potentiel et que le prolongement de la disponibilité de gisements est plus large, elle va au-delà de 30 ans. Son optimisme quant aux perspectives du secteur de l'énergie en Algérie ne l'empêche pas de pointer le doigt vers les carences du secteur. Son expertise et sa disponibilité font de Abdelmadjid Attar l'un des experts algériens les plus sollicités par la presse. Youcef Yousfi : travailleur acharné Né à Batna en 1941, Youcef Yousfi a commencé sa carrière comme maître de conférences puis professeur d'ingénierie chimique à l'Ecole nationale polytechnique d'Alger où il a également occupé la fonction de directeur de l'Institut de chimie. Parallèlement à ses activités d'enseignement, il était en charge des affaires pétrolières au ministère de l'Industrie et de l'énergie. En 1996, Yousfi avait été nommé chef de cabinet du président Liamine Zeroual. Un an plus tard, il devenait ministre de l'Energie et des Mines. Son retour en mai 2010 à la tête du département de l'Energie n'a pas vraiment été une surprise. Youcef Yousfi est un responsable que l'industrie des hydrocarbures connaît. Au cours de sa carrière, Youcef Yousfi s'est taillé la réputation de travailleur acharné. Cependant, sa tâche est difficile. Les dossiers s'avèrent très lourds. Le nouveau ministre devait améliorer la gouvernance de Sonatrach. Autre chantier : relever le défi de l'ambitieux plan des énergies renouvelables qu'il compte mener à bon port grâce en particulier à la production nationale d'équipements et la formation de ressources humaines qualifiées. Slim Othmani : le représentant de la génération de jeunes entrepreneurs Depuis qu'il a repris l'affaire familiale en 1999, Slim Othmani a révolutionné “Rouiba", une société familiale, fondée en 1966 par son grand-père. Au cours des années 2000, elle était la première entreprise privée algérienne à ouvrir son capital à un partenaire étranger, devenant une entreprise semi-familiale. Très actif, Slim Othmani est vice-président du Cercle d'action et de réflexion autour l'entreprise (Care), membre de l'Association des producteurs algériens de boissons et du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Il a présidé le groupe de travail Goal (Gouvernance Algérie), qui a rédigé le premier code algérien de gouvernance d'entreprise, adopté en mars 2009 par les associations patronales. Avec son franc-parler, Slim Othmani estime que l'amélioration du climat des affaires passe nécessairement par le rétablissement du dialogue et de la confiance entre les pouvoirs publics et le monde des affaires. Abdelhak Lamiri : l'œil averti Dr Abdelhak Lamiri, éminent économiste chercheur, dirige le plus important institut privé de formation en gestion d'Algérie. Constitué sur le modèle des business schools anglo-saxonnes, l'Insim a accueilli des milliers d'étudiants à Alger et dans ses filiales présentes dans les principales villes du pays. Observateur averti, M. Lamiri reste très critique vis-à-vis de nombreux aspects de la politique économique du pays. Au cours des dernières années, ses prises de position relatives à l'économie nationale ont été fréquemment relayées par les médias algériens. En dépit des évolutions récentes, il continue de porter un jugement sévère sur le mode de gestion de notre économie, non sans donner des arguments. Dans une récente contribution parue dans la presse, il écrit : “La volonté et la mobilisation des ressources ne sont qu'un élément de la problématique. Beaucoup reste à faire pour construire un ensemble économique, social et politique capable de nous hisser au rang de pays émergent puis développé." Chems Eddine Chitour : l'académicien engagé Chems Eddine Chitour est professeur de thermodynamique à l'Ecole polytechnique d'Alger. Il est ingénieur en génie chimique de la même école, ingénieur de l'Institut algérien et de l'Institut français du pétrole. Il est titulaire d'un doctorat-ingénieur de l'université d'Alger et d'un doctorat ès sciences de l'université Jean-Monnet de l'académie de Lyon (France). Il a été professeur associé à l'Ecole d'ingénieurs de génie chimique de Toulouse. En pédagogue, il tente d'expliquer l'histoire et les mutations du monde. À ce titre, il a écrit plusieurs essais sur l'histoire de l'Algérie, l'éducation et la culture, la mondialisation, les défis de l'islam et l'émigration. Fervent défenseur des énergies renouvelables, Chems Eddine Chitour ne cesse de défendre l'adoption en urgence d'un modèle énergétique national durable. Très critique vis-à-vis des gaz non conventionnels (gaz de schiste), prudent vis-à-vis du nucléaire, Chems Eddine Chitour plaide pour l'efficacité énergétique. “Notre plus grand gisement est celui que l'on ne consomme pas", ne cesse-t-il de répéter. Mustapha Mekideche : un optimiste modéré n Vice-président du CNES, Mustapha Mekideche est docteur en économie de l'université de Grenoble II et licencié en mathématiques de l'université d'Alger. Après avoir effectué l'ensemble de sa carrière professionnelle dans le secteur des hydrocarbures, il exerce depuis 1998 comme conseil en stratégie dans les secteurs de l'industrie et de l'énergie. Mustapha Mekideche a été nommé, sur proposition de l'Algérie, au panel des personnalités du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP) auprès du Nepad. Dans sa chronique hebdomadaire publiée par Liberté, il aborde les différentes étapes du développement du pays, non sans mettre en relief les échecs et les succès dans le processus d'évolution de l'économie nationale. Convaincu que l'Algérie a encore des chances de devenir un grand pays émergent, Mustapha Mekideche pose néanmoins des préalables. Car, comme il l'explique, “le scénario d'un nouveau paradigme de croissance forte et durable, qui s'affranchit totalement du syndrome hollandais, est encore virtuel pour une grande partie". Mouloud Hamrouche : Père et initiateur des réformes Il est indéniable, au-delà de toute appréciation personnelle ou politique, que M. Hamrouche s'est retrouvé à un moment précis, à un endroit précis, pour être investi d'une telle initiative relève certainement du hasard de l'histoire. Certaines circonstances objectives y auront néanmoins contribué. À ce “hasard", il y a une première explication objective : les rares parenthèses d'ouverture politique dans notre pays correspondent à une contraction des ressources extérieures générées par une économie de comptoir, contraction qui éloigne des sphères de commandement politique les appétits immédiats des sphères prédatrices. Hamrouche impulsera un rythme effréné d'instrumentation juridique des réformes (indépendance de la Banque centrale, réforme du droit du travail, libertés politiques et syndicales, liberté de la presse) qui ne suffira, malheureusement, pas à assécher le potentiel de nuisance de ces instances et à accorder à son gouvernement le temps nécessaire pour rendre irréversibles ces mêmes réformes destinées à organiser une sortie ordonnée, régulée, plus ou moins négociée, de sortie de l'ère socialisante. Témoignage de Ammar Belhimer Professeur de droit et journaliste chroniqueur