Les prestations des quatre formations qui se sont succédé sur la scène du théâtre de verdure Saïd-Mekbel de l'Oref ont invité le corps à bouger. Tous ont réussi à faire danser l'assistance, sur les rythmes endiablés d'une musique magnifiquement fusionnée. Les soirées de mercredi et jeudi du Festival international du diwane d'Alger – qui prendra fin ce soir avec deux concerts exceptionnels du maître de l'afrobeat Tony Allen, et du grand saxophoniste Manu Dibango – ont été marquées par quatre prestations : celles de Diwane El-Bahdja et Nora Gnawa, respectivement deuxième et troisième prix du Festival national de la musique diwane de Béchar, et celles de Peter Solo et du mythique Orchestra Baobab. Avec les jeunes membres de Diwane El-Bahdja, il faudrait, peut-être, souligner que le diwane algérien est entre de bonnes mains. L'on a dénoté également une évolution par rapport à leur prestation à Béchar. La formation composée de sept membres, créée en 2009, a revisité plusieurs morceaux de bordj célèbres oscillant entre le diwane algérien et le gnaoui marocain, notamment La Ilah Ila Lah, Baniya, Hamouda, Mimouna et Baba Mimoun. Diwane El-Bahdja, qui compte parmi ses membres trois joueurs de goumbri – notamment Maalem Nassim Chettouhi, qui a montré une fois de plus son grand savoir-faire dans le jeu sur cet instrument, et qu'il a largement mérité son prix ex æquo du meilleur joueur de goumbri à Béchar –, a proposé donc un répertoire traditionnel, quelque peu allégé. Les membres de ce groupe, qui pratiquent le diwane par passion, réussissent à chacune de leurs prestations à donner une touche de légèreté et à atténuer la grande charge émotionnelle que véhicule également cette musique, profondément ancrée dans une culture. Originaire du Togo, Peter Solo, totalement habité par la musique, et son Kakarako Band ont dispensé une magnifique prestation. La musique de cet artiste possède un son très seventies, oscillant entre le funk, le rock, l'afrobeat, les rythmes afro-cubains et les musiques traditionnelles du Togo. Baignant dans une culture vaudou, avec une maman vaudoussi, Peter Solo conjugue son art au pluriel : il compose avec son héritage familial et culturel, mais également avec ses nombreuses pérégrinations et autres rencontres qui l'ont mené sur les plus grandes scènes et amené à côtoyer les plus grands artistes. Pour son dernier morceau, il invitera Diwane El-Bahdja à l'accompagner. Un très beau moment de partage où la guitare électrique et le clavier s'harmonisaient avec les karkabou (crotales), le tout mixé à un morceau du diwane, Baba Mimoun en l'occurrence. Il serait peut-être intéressant que les organisateurs du festival songent à organiser des masterclasses qui donneraient naissance à des fusions de la sorte. Jeudi soir, Nora Gnawa – dont l'album L'Bouhala (le derviche) est sorti le mois dernier chez Belda Diffusion – a revisité quelques morceaux, notamment Lalla Aïcha, Baniya, Manandabo, Sergou. Ce sont des intitulés de Bradj (morceaux) célèbres, mais en réalité, Nora Gnawa écrit un autre texte, élabore donc un sujet, tout en gardant l'intitulé qui renvoie au genre diwane ou gnaoua. Orchestra Baobab (Sénégal) finira par faire danser tout le théâtre de verdure Saïd-Mekbel, même les plus récalcitrants ou timides. Avec un son qui leur est propre, cette formation mythique, créée dans les années 1970, chante l'amour, la vie, les turpitudes de la vie quotidienne, toutes les belles choses (et celles qui le sont moins) de notre monde. Ce groupe, qui emprunte son nom au Club Baobab, propose une musique aux diverses influences, inspirée par les musiques afro-cubaines et la musique traditionnelle sénégalaise. Une musique qui respire la joie de vivre et qui ne laisse personne indifférent. Deux soirées, quatre prestations, où la danse a été un moyen efficace de dialogue. S K