Il est encore tôt pour juger de l'efficacité du traitement, mais visiblement la thérapie du boycott provoque comme un électrochoc auprès de commerçants. C'est que la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) qui active depuis moins de neuf mois, a réussi, à la veille du mois de Ramadhan, son opération de communication en s'invitant au cœur du débat sur l'envolée des prix, autrefois exclusivité des mandataires et des détaillants se rejetant les responsabilités sous le regard d'une tutelle, spectatrice impuissante face à des enjeux trop importants et des moyens de coercition insuffisants. Rencontrés la semaine dernière au siège d'Algex, institution sous tutelle du ministère du Commerce, qui prête volontiers ses infrastructures pour les conférences, les membres de la FAC à leur tête Zaki Harizi, président, considèrent l'option du boycott comme un des rares moyens à leur disposition pour faire réagir à la fois les consommateurs et les commerçants. C'est pourquoi après l'opération-test menée du 10 au 16 juillet pour contraindre les bouchers à baisser les prix, la FAC a inscrit le boycott comme action systématique dès que les produits entament une inflation injustifiée. Zaki Harizi préconise ainsi de “boycotter les produits de consommation non essentiels si leur prix venaient à augmenter de 50% et plus". Par ce geste, croit-il mordicus, “les prix vont certainement baisser". Faisant le bilan de la première opération, Mustapha Zebdi, à la tête de l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement d'Alger (Apoce), l'une des dix-huit associations fondatrices de la FAC, nous a indiqué que “30% des consommateurs ont répondu à l'appel au boycott de la viande une semaine après le lancement de l'opération". Tout en indiquant sa satisfaction de ce niveau d'adhésion pour un objectif premier affiché d'atteindre les 60%, notre interlocuteur soulignera que “cette opération a même été suivie par les commerçants du marché de gros". Et le président de l'Apoce souligne que “cette démarche est le meilleur moyen de protection du consommateur". Commerçants : gare aux abus ! Au-delà de l'appel au boycott, la FAC s'organise durant ce mois de Ramadhan en allant sur les marchés du pays relever les prix et les manquements aux règles commerciales. Tous les adhérents de la fédération deviennent ainsi des releveurs potentiels à même de signaler des abus. À ce propos, l'organisation des consommateurs ne manquent pas de rappeler les commerçants à leurs obligations. Si un appel à la solidarité est lancé à l'adresse des commerçants pour rogner sur leurs marges bénéficiaires durant le mois sacré, le premier responsable de la Fédération algérienne des consommateurs ne manque pas de rappeler aux revendeurs leurs devoirs, entre autres celui de respecter, au nom du droit à l'information, l'“affichage des prix ainsi que l'indication des spécifications des produits aux consommateurs". Cela va sans dire que la FAC a relevé, également, la non-remise d'un ticket ou d'une facture à l'achat, ce qui empêche le consommateur d'exercer son droit à le changer ou de déposer plainte. Ce à quoi les commerçants sont appelés à remédier mais, aussi, à faire vérifier les poids et balances périodiquement et éviter les pratiques illicites de “sous-peser". M. Y.