La ville des Roses recèle tellement de poches de la criminalité ordinaire. Une tendance dominante en ce mois de jeûne. Aux côtés des accidents de la route. Il est 16h30 mn quand nous franchissons à peine la ville des Roses. Un accident vient de se produire. Un bus, en provenance du Grand-Sud, se renverse. Bilan : 3 morts et plus de 10 blessés, dont 2 dans un état critique. Sur cette autoroute qui relie l'Algérois à la Mitidja, les accidents de la circulation sont monnaie courante en ce mois de jeûne. À 17h15 mn, la température à l'ombre affiche 44 C°. Ce n'est pas la chaleur de friture de la Zlabia de Boufarik. L'odeur de braise en provenance des maquis incendiés de Chréa domine encore l'atmosphère. On suffoque. On nous apprend que trois enquêtes sont déjà orientées vers des suspects à l'origine de ces sinistres criminels. L'opération coup-de-poing commence. Point noir de la criminalité ordinaire, Guerouaou, cette localité limitrophe à Béni Merad, semble plus que jamais hostile. Ce passage offre toutes les opportunités aux fraudeurs et aux personnes recherchées de dévier le barrage fixe de la Gendarmerie nationale. “Tout transite par Guerouaou. Kif, marchandises, criminels, délinquants et autres véhicules volés. Ils viennent de haï Fettal, de Boufarik ou de Blida. Ils viennent aussi des autres zones, comme Benchabane, Soumaâ, Chebli et Bouinane", nous explique le commandant de compagnie de Boufarik. Celui-ci nous apprendra que les vols et les bagarres ont enregistré un nouveau pic en ce mois sacré. “Pour un rien, c'est la bagarre", dit-il. Sur ce tronçon très fréquenté, des saisies de marchandises sont opérées et des armes blanches récupérées. Pourtant, la majorité des automobilistes se dirige vers la mecque de la Zlabia ! Alors, pourquoi se munir d'un gourdin ou d'un couteau ? “C'est juste une habitude", ou encore “on ne sait jamais !" répondent certains. Tout le monde est sur la défensive, quoi. Idem au carrefour menant vers Sidi-Abdallah, Chiffa et Mouzaïa. Abdelouahab Boumediene, le patron de la GN de Blida, résumera en quelques chiffres la criminalité et dira que les plaintes ont sensiblement diminué. Mais la tendance des affaires “coups et blessures volontaires" est en vogue. “Nous assurons un taux de couverture sécuritaire de 80%. Nous avons déployé nos unités en fonction des points noirs. En revanche, la criminalité ordinaire représente plus de 50% des affaires traités (1 124 cas). Nous avons aussi orientés nos efforts vers ces cités-dortoirs à cause des cambriolages. Chaque mois, nous mettons à jour la carte de la criminalité", dira notre interlocuteur. Quelle réponse aux batailles rangées ? Blida n'a pas enregistré de batailles rangées entre gangs. Tant mieux. Mais le phénomène est sous la loupe du commandement qui mise sur la maîtrise du fléau. Le plan de proximité réfléchi en ce sens a apporté des résultats immédiats, en mettant à contribution la société civile, de manière générale, et le mouvement associatif, de manière particulière. “Dès le départ, nous avons mobilisé des brigades de protection des mineurs. Car, souvent, le mineur est à la fois auteur et victime. Nous travaillons avec les organisations de quartier, des douars, des villages, mais surtout des organisations de jeunes qui maîtrisent les cités. Ce plan de proximité nous a permis d'orienter notre stratégie sur l'anticipation et la prévention. Car, il s'agit d'occuper le terrain de manière absolue et continue", expliquera le responsable de la communication de la GN, le lieutenant-colonel Abdelhamid Keroud. D'ailleurs, lors de ces opérations coup-de-poing, les identifications permettent souvent de mettre la main sur les individus impliqués et recherchés à cause de ces batailles qui endeuillent les familles. À Blida, les 30 000 identifications ont permis d'arrêter 11 personnes activement recherchées et de récupérer une voiture volée. Suite et fin pour le “cauchemar" des Chinois Il est 22h15 mn. Nous empruntons la RN1 menant vers Médéa. Au barrage de la Chiffa, première ceinture avec Blida, les gendarmes sont sur le qui-vive. C'est ici qu'un employé d'une société turque a été arrêté en possession de 190 interrupteurs et prises électriques dissimulés dans un cabas. Le mis en cause, pour se défendre, estime légitime de recourir au vol, car il n'avait pas été payé par les Turcs. Mais bon, il faudra beaucoup de courage pour traîner un tel poids et de prendre la fuite pédestrement. C'est par là aussi que les trafiquants de viandes rouges et blanches transitent. De grosses saisies ont été opérées, surtout le bétail volé, ou encore le convoyage de cheptels sans registre du commerce et certificat de vétérinaire. Alors que nous avançons vers le tunnel de Médéa, à proximité du légendaire complexe touristique, le Ruisseau des singes, les gendarmes d'El-Affroun arrêtent un individu devant l'hôpital du centre-ville. Mais pas n'importe quel individu ! Celui-ci, impliqué en 2010, avec ses deux frères et sa belle-sœur actuellement en prison, dans les agressions perpétrées sur l'autoroute Est-Ouest sur des automobilistes, était recherché pour cinq crimes et délits. A. K., 24 ans, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a cambriolé un centre de formation professionnelle avant de s'emparer de tous les micro-ordinateurs et autre matériel de recherche. Technicien en froid industriel à Aïn Defla, il commettra un autre forfait à la base de vie des Chinois qui se trouvait au pôle universitaire de Blida. Ce jour-là, A. K. s'est carrément emparé des Laptop de cette entreprise avant de prendre la fuite. Au profil dangereux, il agit sans scrupules contre ses proies, les déleste de leurs biens et se réfugie à Aïn Defla. Son arrestation a vite fait le tour de la ville des Roses où il a également sévi. À peine minuit, de retour vers Blida, nous empruntons les routes serpentant les gorges de la Mitidja. Femmes, enfants, vieillards et groupes de jeunes profitent des veillées ramadhanesques à l'ombre de la canicule. Sur ces routes paisibles où le règne des agresseurs fait, désormais, partie du passé, la vigilance des automobilistes est de mise à cause des accidents mortels enregistrés au quotidien. F. B.