Rien n'est laissé au hasard. La priorité est donnée aux lieux de détente et de rassemblement, les mosquées, les marchés et les axes routiers les plus fréquentés. Mais pas seulement : la délinquance est traquée sans répit. Reportage. Il est 21h quand nous arrivons à hauteur de Koléa. Première ceinture entre Tipasa et Alger, et foyer de tension où chutent les gangs des autres wilayas, comme Blida, Aïn Defla et Chlef. Cette localité paraît très paisible. Pour en arriver là, le groupement de la Gendarmerie nationale de Tipasa a déployé de gros moyens. Le succès des opérations coup-de-poing, menées par les élites de la GN, en l'occurrence les SSI (Section de sécurité et d'intervention), ont donné leurs fruits. Plus de 40 gangs, composés chacun de 5 à 10 individus, ont été démantelés et 126 malfaiteurs ont été arrêtés. Le dernier en date, une clique de récidivistes, armée d'un fusil harpon et qui venait de bénéficier de la grâce présidentielle. Spécialisés dans les braquages, les cambriolages de domiciles et le vol de véhicules, ces criminels se sont même attaqués à des policiers et aux gendarmes au moyen de leur arme à feu et de couteaux. Ils ne reculent devant rien et défient la loi. Pistés par les SSI à la plage Colonel- Abbès de Zéralda, ils seront arrêtés et traduits devant la justice. Zone touristique par excellence, la capitale du Chenoua connaît, en ce mois de jeûne, une baisse sensible d'affaires liées à la criminalité. Des patrouilles, des brigades mobiles et fixes, des dizaines de barrages, en plus d'un travail de fond basé sur le renseignement, le plan de sécurité spécial Ramadhan semble bien fonctionner tant qu'il est synchronisé par un état-major très expérimenté. Un “sans-faute sécuritaire" aux portes d'Alger Le peu de sites qui existe dans la région est envahi par la population dès les premiers instants qui suivent la rupture du jeûne. Surtout après la prière des Tarawih. Ici, les familles veillent jusqu'à une heure tardive de la soirée. Tipasa est également un véritable couloir pour les voleurs de véhicules et de câbles électriques et téléphoniques, développe le patron de la GN. Il y a quelques jours seulement, deux réseaux ont été démantelés. Le premier, spécialisé dans le trafic de véhicules, opère entre les wilayas de Tipasa, Boumerdès, Blida et Alger alors que le second a des ramifications jusqu'aux frontières. Ce dernier a tenté d'exporter 46 tonnes de cuivre vers le Maroc et la Tunisie. En revanche, la région ne constitue pas une plaque tournante de trafic de drogue. En sept mois, 25 kg de cannabis ont été rejetés par la mer. Ici, la petite consommation domine la tendance. Toutefois, ces localités sont touchées par la petite délinquance comme le vol de téléphones portables et les coups et blessures volontaires (CBV). À hauteur des échangeurs de la nouvelle autoroute Alger-Tipasa, les escadrons et brigades de sécurité routière veillent également au grain. Il faut dire que le flux de touristes et d'automobilistes a sensiblement diminué cette année. Et pour cause, les complexes du SET et Matarès ont récemment été fermés pour des travaux de restauration. Malgré un rythme de vie très au ralenti, Tipasa est, tout de même, sous l'œil vigilant des services de sécurité, tant qu'elle constitue une porte sur la capitale. Brochettes, glaces et “bronzage" en nocturne jusqu'à 3h du matin ! Il est 23h30, nous quittons Tipasa, direction la capitale. Aux portes ouest d'Alger, des familles sont installées sur le sable abandonné de la plage Colonel-Abbès. Les jeunes nagent encore, d'autres, exténués par la canicule et le poids du Ramadhan, semblent plonger dans les bras de Morphée. Les patrouilles de la GN sillonnent les lieux. Silencieusement. Face au décor nocturne de la Méditerranée, des jeunes disputent des parties infinies de domino. Le commandant de la GN de Zéralda rassure lui aussi les estivants et les jeûneurs qui viennent dans cette zone touristique. De moins en moins d'agressions, après la mainmise sur des gangs armés de sabres, cette localité reprend ses droits, certes, mais faudra-t-il se méfier des récidivistes ! Idem au complexe touristique où la chose est bien maîtrisée. À 1h du matin, nous arrivons à Sidi-Fredj. L'animation bat son plein au Casif. Des centaines de familles dansent au rythme des célèbres tubes de Lounis Aït Menguellet qui animait un gala au grand bonheur de ses fans et de ses nostalgiques. La sécurité est à son summum. Notamment au port vieillissant et très salissant où un monde fou a envahi les lieux dès 21h. Là aussi, on veille jusqu'à 3h du matin autour des plats de brochettes, de pizzas, de glaces, de thé et de sucreries. Le chef d'état-major de la GN d'Alger estime, à son tour, que le plan spécial Ramadhan se veut un complément et prolongement logique du plan Delphine. Surtout pour la capitale où les services de sécurité n'ont pas le droit à l'erreur. Il révélera d'emblée que 37 opérations coups-de-poing ont permis de mettre hors d'état de nuire 14 gangs en un temps record et de réduire les batailles rangées par rapport à l'année précédente. Les chiffres et les bilans sont éloquents, certes, mais la GN d'Alger a multiplié ses dispositifs à travers les 185 patrouilles, 72 barrages fixes et mobiles et les escortes de train en ce mois sacré. Ce qui a permis de traduire en justice 1 100 individus, dont 446 sont écroués. En revanche, la capitale connaît une augmentation vertigineuse dans les affaires liées au crime organisé. Les opérations d'identification menée par les unités d'Alger ont d'ailleurs permis d'arrêter 403 individus recherchés par la justice et les services de sécurité et la récupération de 31 véhicules volés. Du reste, Alger est sous très haute surveillance. F. B.