Le MDC (Système d'identification à distance) et le Runitel (Réseau unifié téléphonique) sont généralisés au même titre que les détecteurs d'explosifs et de drogues sur les routes. La carte de la criminalité change chaque mois. Le patron de la GN de Blida, le lieutenant-colonel, Mohamed-Nadjib Dounia, est formel : “Nous adoptons depuis quelque temps une méthode offensive. Nous opérons au milieu même des poches criminelles pour déjouer des tentatives qui pourraient porter atteinte à la sécurité des personnes et des biens. Raison pour laquelle nous multiplions davantage les identifications des individus et des véhicules, mais aussi, pour des raisons que vous connaissez tous, le contrôle de documents. Le crime est itinérant, d'où un maillage sécuritaire maximal marqué par une stratégie tracée par le commandement de la GN.” Il révélera que pas moins de 428 personnes recherchées ont été arrêtées en six mois dans la capitale de la Mitidja alors que 59 véhicules volés ont été récupérés. Enorme pour une courte période, sachant que durant toute l'année de 2010, à titre comparatif, 125 personnes ont été appréhendées et 8 véhicules volés et recherchés ont été également décelés lors des contrôles. C'est dire que la lutte contre ces réseaux suggère un mode opératoire efficace et un renforcement d'effectifs entraînés et aguerris aux combats de terrain pour neutraliser les malfrats armés et les repris de justice, souvent récidivistes. Et pour “coller” à ce rythme d'actions, les moyens de lutte, dont le MDC et le Runitel, ont été généralisés. Lors de notre virée dans la localité d'El-Affroun, les dispositifs mis en place témoignent des résultats immédiatement obtenus par les gendarmes en faction. Notamment sur l'ancienne route menant vers les wilayas de l'Ouest et des Hauts-Plateaux. Pis encore, sur cet axe qui donne sur l'autoroute Est-Ouest, les agressions sont monnaie courante. “Nous avons neutralisé tous les membres des groupuscules qui sévissaient. Il nous reste encore trois éléments en fuite, ils sont activement recherchés”, expliquera le commandant de compagnie d'El-Affroun, Lazhar Grini. Celui-ci nous développera toute la philosophie du crime dans cette zone de turbulences où les CBV (coups et blessures volontaires) et les rixes font fureur et causent des drames familiaux. Usage de faux, trafic de drogue et de véhicules, vol de cheptels, défaut de factures et autres délits et crimes sont enregistrés sur cet axe où les gendarmes utilisent les détecteurs d'explosifs et la brigade cynotechnique. “Nous opérons de jour comme de nuit. Les SSI et le GIR 25 sont souvent sollicités dans les opérations coup-de-poing, notamment celles que nous avons menées durant les premiers quinze jours du Ramadhan”, dira t-il. D'ailleurs, pas moins de 8 victimes ont été signalées sur ce tronçon routier, devenu un coupe-gorge. Fini “l'araignée” et les fruits empoisonnés, place aux rixes Au registre des empoignades, haï Rihan et Sidi-Khlifa “excelle” dans le sinistre. Oued-Djer, aussi. Ici même, une violente rixe a provoqué six blessés graves au moyen de couteaux et de sabres. Quatre mis en cause ont été écroués. “Nous n'acceptons plus les méthodes de médiation. Celui qui cause un dégât paie cash devant la loi. Raison pour laquelle nous présentons les mis en cause devant les procureurs de la République pour servir d'exemple à d'autres. C'est l'ultime solution”, dira encore notre interlocuteur. À Mouzaïa, les CBV sont devenus un “sport” quotidien. En 15 jours, 60 CBV ont été constatés. On nous signale également un mort par noyade et un autre percuté par un véhicule sur l'autoroute. Au chapitre des accidents, sur notre itinéraire, trois sinistres mortels ont été enregistrés. Le quatrième à un quart d'heure de la rupture du jeûne. “Nous avons effectué 120 retraits de permis en 15 jours. À Ahl El-Oued, un enfant de 6 ans a été écrasé par un automobiliste qui roulait à toute allure à l'entrée d'une agglomération. Deux heures avant le f'tour, nous visitons un champ agricole de 7 hectares, situé à haï Rihan (Aïn Romane). Là, 4 agriculteurs indélicats arrosaient un champ de pastèques à partir d'un oued où se déversaient des eaux usées. Près d'une tonne de marchandise a été immédiatement détruite, et ce, après que fut confirmé l'échantillon prélevé et analysé par un laboratoire. Un véritable massacre contre la sécurité alimentaire, surtout que les mis en cause usaient de gros tuyaux pour pomper et irriguer ce fruit de saison. L'affaire résolue grâce aux renseignements précieux des citoyens, les gendarmes ont saisi tout le matériel d'une valeur de 200 millions de centimes avant de présenter ces individus devant la justice. Tard dans la soirée, M. Dounia nous informera que deux narcotrafiquants venaient d'être arrêtés à Boufarik. À Blida, au moins une affaire liée au trafic de drogue est traitée durant le Ramadhan. Notre interlocuteur reviendra également sur cet épisode de “l'araignée”, un délinquant de 17 ans et chef d'un gang de 11 individus qui a longtemps semé la terreur à Blida. Spécialisée dans le cambriolage de domiciles et de bijouteries, cette bande manipulait également une fillette de… 15 ans pour opérer et mettre en confiance leur proie. Ce jeune délinquant influençait même des gens âgés de 20 et 23 ans. Et, c'est lors d'un homicide perpétré dans un domicile que les enquêteurs sont arrivés à l'identifier. Il avait même volé des bijoux d'une valeur de 70 millions qu'il a revendus pour… 6 millions ! Il était recherché et cité dans 11 affaires criminelles.