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Pas de fuel au pays du pétrole
Carnet de voyage en irak (II)
Publié dans Liberté le 21 - 12 - 2003

Enfin l'Irak. Bagdad : 562 km, indique un panneau de signalisation bleu. Lorsque nous avions emprunté cette route en avril dernier, il y avait tout au long, des voitures calcinées, des cars bombardés, des ponts pilonnés. Peu de carcasses sur la voie, cette fois-ci, à l'exception de quelques rares squelettes de tôle abandonnés comme pour témoigner de la cruauté des frappes. Dans les tronçons de route touchés par les obus, des chantiers sont nés pour réparer ce qu'il y a à réparer. Désignant un pont subissant des travaux de confortement, Sabih Yacine le tailleur s'exprime : “Ce sont des manoeuvres irakiens qui font le sale boulot. C'est l'argent du pétrole irakien qui paye les frais. Après, les Américains se gargarisent d'être les maîtres d'œuvre de la reconstruction de l'Irak alors que c'est tout bénef' pour leurs compagnies !”
Abou Seif ne cache pas sa sympathie pour les héros de la résistance irakienne. Pour lui, le djihad est décrété de fait contre l'occupant “impur et impie”. Nous lui demandons pourquoi dans ce cas-là ne rejoint-il pas la guérilla urbaine ? “Je ne peux pas. Les Américains ont des espions partout alors je n'ai confiance en personne”, se justifie-t-il. Abou Seif affirme qu'il a vu plusieurs fois les Marines tirer dans le tas au moindre mouvement suspect. Lui, il habite Abou Ghrib, un faubourg très agité où les embuscades contre les soldats US sont légion.
De la capture de Saddam et des images choquantes qui l'ont accompagnée, Abou Seif trouve là plutôt matière à se lamenter sur le sort des Arabes. Bien que hostile au Baath, il est contre la peine de mort à l'endroit de Saddam.
Abou El Moutaleb n'est pas de son avis. L'intellectuel parisien tranche ferme : “Si ça ne tenait qu'à moi, je ne tuerais pas Saddam. Je le mettrais dans une cage en verre et le laisserais exposé à vie dans un zoo !”
Abou El Moutaleb n'a pas mis les pieds en Irak depuis 23 ans. Il est rentré en Syrie lundi, après avoir transité par Amsterdam puis Beyrouth. Il n'a pas particulièrement peur. Il n'est pas spécialement ému. “C'est comme si je n'avais jamais quitté mon pays”, confie-t-il. “Je suis juste peiné de rentrer avec un visa dans mon propre pays, et de voir des Américains contrôler mon passeport. J'ai l'impression de revenir plusieurs dizaines d'années en arrière”, ajoute-t-il, le regard amer.
Abou El Moutaleb a quitté son pays en 1980. “C'était pour fuir le Baath. La doctrine du Baath est claire : ou tu es avec nous, ou tu es contre nous”, dit Abou El Moutaleb. “Je ne suis pas du genre à tenir ma langue. Je suis une grosse gueule. Un jour, je me suis disputé avec un militant du Baath qui me disait pour justifier les crimes du parti : le partage de l'injustice avec équité est une forme de justice. Là, j'ai su que je n'avais pas ma place dans ce pays. J'étais ingénieur en agronomie. J'ai donc quitté l'Irak, et ma destination fut l'Algérie. C'est ainsi que je me suis retrouvé enseignant dans un technicum à Arris, dans la wilaya de Batna”.
Abou El Moutaleb passe trois ans en Algérie. Puis rejoint la France pour faire une postgraduation. Il ne quittera plus jamais Paris. Aujourd'hui, il se dit “dégoûté par le racisme viscéral français”. Avant de lancer : “Je préfère servir mon pays !”
“Le tyran est enfin tombé !”
Abou El Moutaleb affirme que c'est l'annonce de la capture de Saddam qui a précipité les choses pour lui : “Dès que j'ai appris la nouvelle, j'ai compris que je n'avais plus rien à faire en France. Comme tous les intellectuels et les citoyens de manière générale réprimés par le régime de Saddam, nous n'attendions que de voir le tyran tomber. C'est fait. Maintenant, il faut sortir les Américains !”
Abou El Moutaleb rappelle avec amertume les crimes de Saddam : “C'est l'homme qui s'enorgueillit d'avoir tué son oncle qui était aussi le mari de sa mère. C'est son premier crime. Il avait à peine 12 ans. Il a tué ses gendres, le père et le frère de sa propre femme. C'est l'homme qui n'hésitait pas à couper l'oreille, la langue ou le nez de qui osait médire de lui. Il faisait surveiller ses collaborateurs jusque dans l'intimité de leurs frasques, et il n'hésitait pas à exécuter de sang-froid ceux dont la tête ne lui revenait pas. Le monstre a osé faire tuer un génie de son temps, je pense au savant Mohamed Baqer Assadr. Il l'a fait fondre dans une mare d'acide nitrique pour avoir défié son autorité !”
Sans vouloir tourner la page, Abou El Moutaleb s'inquiète plutôt du travail qui reste à faire. Pour lui, les Américains sont des cibles à abattre. “Je ne pourrai pas souffrir de composer avec eux. Je pense que la seule solution, c'est la solution armée !” préconise-t-il. Mais Abou El Moutaleb, comme son compariote Abou Seif, ne veut pas non plus rejoindre la résistance irakienne. “Je ne pourrai jamais faire alliance avec les animateurs de la guérilla puisque la plupart d'entre eux sont d'anciens baathistes, et leur but est uniquement de rétablir leurs privilèges.” L'intellectuel engagé attend plutôt une fetwa en règle du haut clergé chiite pour agir. Mais les “mardjiate” chiites semblent observer une trêve avec les Américains. Ils leur ont donné une année pour faire ce qu'ils ont à faire et plier bagage.
La discussion s'échauffe et Bagdad est loin encore. Principal facteur de retard : le manque de carburant. C'est l'obsession de Jassem. Aussitôt avoir franchi les frontières, nous sommes tombés sur des contrebandiers du fuel qui proposaient leurs jerricans d'essence au niveau d'une station service désertée à… 500 dinars irakiens le litre, sachant qu'au prix officiel, le carburant faisait à peine 20 dinars sous Saddam, et que dans les stations, il fait 50 dinars irakiens.
À mesure que nous progressons, les autres revendeurs d'essence, que nous croisons sur notre route (car ils sont une faune), baissent le prix. Le carburant tombe ainsi à 400 puis à 300 puis à 250 dinars quand nous arrivons aux abords de Bagdad, des dinars à l'effigie de Saddam, autre paradoxe ! Abou El Moutaleb n'en croit pas ses yeux : “Le carburant vendu au marché noir au pays du pétrole ! J'hallucine !” Le gaz butane est également vendu au marché noir tant il se fait rare. Il est passé de 250 à 3 000 voire 5 000 dinars irakiens la bouteille.
Les rares Marines que nous croiserons sur cette route déserte sont là pour escorter les camions de fuel. Jusqu'à notre arrivée à Bagdad, après douze heures de trajet, nous aurons finalement eu très rarement affaire aux Ricains. Pourtant, ils contrôlent tout. Il faudrait voir cela de plus près…
M. B.


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