La menace islamiste en Syrie n'est pas de la propagande. Les djihadistes sont bénéficiaires de la situation toujours figée en Syrie suspendue à un régime qui veut toujours en découdre malgré son isolement sur la scène internationale et les coups que lui porte une insurrection qui justement n'a pas livrée tous ses secrets. Outre les morts qui se comptent par dizaines tous les jours, au total quelque 235 000 Syriens ont quitté la Syrie et 1,2 million ont été déplacés à l'intérieur du pays, où ils sont logés dans des écoles depuis le début de la crise déclenchée par une contestation pacifique qui s'est transformée en rébellion armée. Dans ces développements complexes et contradictoires, force est de reconnaître qu'après une année et demie de crise, la montée en cadence des islamistes que Bachar al Assad désigne sous le vocable de terroristes. Jabhat al-Nusra, un groupe proche d'Al-Qaïda, mais qui nie appartenir au groupe terroriste, semble gagner en puissance et en nombre. En effet, dans les images diffusées par les médias entraînés par la chaîne qatarie al Jazzera, le vecteur du détournement des "printemps arabes" en révolution islamiste, la présence d'activistes djihadistes sur les terrains de la confrontation est centrale. Les “combattants de la liberté" ne sont plus discrets quant à leur objectif, Ils ne se cachent pas et paradaient avec des drapeaux noirs, symbole du califat islamique. Ils auraient pour ainsi dire d'ores et déjà islamisé la révolution syrienne. Même au sein de l'armée de libération (ALS), beaucoup d'hommes disent ouvertement qu'ils ne combattent plus aujourd'hui pour le même but qu'au début de la révolte, faire tomber le régime Assad, mais pour porter au pouvoir un gouvernement islamique. Les pays voisins de la Syrie sont inquiets par l'intrusion de la donne islamiste. La Turquie a certes fermé pour empêcher la jonction entre les kurdes syriens et leurs pairs turcs mais aussi la circulation de djihadistes. Idem pour l'Irak qui voilà longtemps avait alerté sur le passage de terroristes d'Al-Qaïda vers son voisin syrien. Bagdad sait de quoi il s'en retourne, son territoire étant resté le théâtre d'activités de djihadistes venus de partout. Le Liban fait état également d'inquiétudes identiques. Et plus le conflit durera longtemps en Syrie, plus les djihadistes seront nombreux. Leur présence croissante n'a pas manqué de soulever des interrogations quant à la façon dont la situation en Syrie évoluerait en cas de chute de Bachar al-Assad, la société syrienne étant multiconfessionnelle. Les insurgés infiltrés par Al-Qaïda retourneront-ils leurs armes contre les alaouites, les chiites et les chrétiens ? Le danger n'est pas écarté avec Jabhat al-Nusra qui pourtant n'a fait son apparition sur la scène syrienne qu'en janvier dernier et revendique les attentats spectaculaires dans tout le pays. La façon de faire de ces militants islamistes n'est pas le même que celle des rebelles de la première heure. Jabhat al-Nusra diffuse par exemple des vidéos d'exécution de combattants pro-Assad. Ce groupe considère toute personne qui travaille pour le gouvernement comme un athéiste, un apostat ! Selon la CIA, les activistes de ce groupe utilise le même réseau de communication que celui utilisé en Irak pour combattre l'occupation américaine. D. B