Il revendique les attentats de Damas et de Alep «Le jihad s'offre à vous. Vous n'avez pas besoin de fatwas.» Un groupe islamiste qui s'est récemment manifesté, le Front Al-Nusra, a revendiqué les récents attentats meurtriers à Damas et à Alep, en Syrie, dans une vidéo mise en ligne sur des sites islamistes. Dans ce document de plus de 45 minutes, reproduisant notamment des scènes de désolation ayant suivi une explosion sous un pont. Le groupe affirme sa responsabilité pour les deux attentats ayant fait 28 morts le 10 février à Alep (nord-ouest) et pour l'attentat suicide du 6 janvier à Damas, tuant 26 personnes. Un combattant du groupe, identifié comme étant Abou al-Bara'a al-Shami, et présenté comme étant l'auteur de l'attentat de Damas, apparaît dans un enregistrement pour expliquer qu'il allait commettre cet attentat pour venger une femme «violée» par des membres des forces de sécurité syriennes. Il appelle les Syriens à s'engager dans le jihad, ou guerre sainte. «Le jihad s'offre à vous. Vous n'avez pas besoin de fatwas», dit-il. Le chef du Front Al-Nusra, Abou Mohammed al-Julani, appelle pour sa part à la guerre sainte contre le régime du président Bachar al-Assad. «Nous l'avions mis en garde contre les conséquences de ses attaques horribles» dans les villes syriennes, notamment Homs, a-t-il dit, ajoutant que «ce régime ne disparaîtra que par la volonté d'Allah et la force des armes». Le Front Al-Nusra s'était manifesté pour la première fois le 23 janvier dans un message de son chef qui avait lancé un appel à la lutte contre le régime de Damas, a indiqué le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE) en citant dans la nuit de dimanche à lundi la nouvelle vidéo du groupe. Le 16 février, le directeur national du renseignement américain (DIA), James Clapper, avait affirmé que les récents attentats en Syrie avaient vraisemblablement été commis par la branche irakienne d'Al-Qaïda, qui avait infiltré les forces de l'opposition au président Bachar al-Assad. Le chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri a manifesté son soutien à la contestation en Syrie, dans un enregistrement vidéo mis en ligne sur des forums jihadistes. Sur le terrain, les militants anti-régime évoquent depuis des semaines la possibilité d'un assaut sur Baba Amr, le plus tenace des quartiers rebelles. Hier, une source de sécurité à Damas évoquait un début d'offensive, tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh) faisait état de combats dans le périmètre de Baba Amr entre l'armée et les déserteurs pour empêcher l'assaut. Selon les analystes, l'armée est consciente des risques d'une «guerre urbaine». «L'armée syrienne sait qu'entrer dans le quartier c'est se faire tirer dessus de tous les côtés et qu'il faudra prendre maison par maison», explique Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo), à Lyon (France). Mais elle sait aussi «qu'à un moment donné elle ne peut plus attendre l'arme au pied et qu'il faudra en finir» avec les poches de résistance, précise l'expert. Sur le plan diplomatique, les députés koweïtiens ont voté hier à une écrasante majorité une recommandation de reconnaître les opposants du Conseil national syrien en tant que représentants légitimes du peuple syrien. Quarante-quatre députés, y compris des membres du cabinet présents, ont voté pour cette recommandation non contraignante pour le gouvernement et cinq élus, dont des chiites, ont voté contre. Le texte qualifie la répression de «massacre commis par les mains du régime baassiste brutal du président Bachar al-Assad». La semaine dernière, cinq élus de l'opposition, dont le président du Parlement, Ahmad al-Saadoun, ont demandé l'annulation de tous les accords de coopération avec la Syrie pour dénoncer la répression dans ce pays. Le Koweït a rappelé début février son ambassadeur à Damas et expulsé l'ambassadeur syrien, tout comme ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Les Koweïtiens ont manifesté à plusieurs reprises contre la dure répression des manifestations en Syrie et ont lancé une campagne pour collecter des fonds en faveur des Syriens.