Il est des comportements, dictés par la haine et la xénophobie, qui ravalent des hommes, pardonnez-moi l'expression (hachakoum), à des excréments puants. Tout être digne d'appartenir au règne des humains vous le dira. Le film brûlot anti-Islam “Innocence of muslims" en est un exemple édifiant. Bien que qualifié de navet par des professionnels du cinéma, il a mis le feu aux poudres dans les pays musulmans et a ébranlé le monde entier. Quelques séquences choquantes diffusées sur Youtube présentent, entre autres scènes répugnantes, le prophète Mohamed (QSSL) sous un aspect vilain et dégradant. Il semblerait que derrière cette vulgaire et insultante production se trouve un homme présenté par la presse d'abord comme étant un promoteur immobilier israélo-américain et ensuite comme un repris de justice copte américain de confession chrétienne, se présentant sous le pseudonyme de Sam Bacile. Ce dernier a déclaré au journal américain, le Wall Street Journal, avoir rassemblé cinq millions de dollars collectés auprès de donateurs juifs. Mais est-ce suffisant pour la réalisation d'un film en studio, même de mauvaise qualité ? Je suis persuadé pour ma part que des milieux puissants ont fait la commande dans l'ombre et assuré le budget nécessaire. Mais cela importe peu, et ce n'est pas à ce sujet que je voulais intervenir.De l'analyse des événements se dégage à mon sens une remarque particulièrement pertinente. Le promoteur “Bacille de Koch", bactérie responsable de la tuberculose pour qui ne le sait pas, et ses acolytes ont insidieusement préparé leur coup et ont atteint leurs objectifs : salir l'image de l'Islam par la main des musulmans eux-mêmes. C'est ce qui m'attriste le plus. Par un montage d'images bas de gamme et dans une opération financière peu coûteuse, ils ont sorti un film qui, artistiquement parlant, ne devait même pas avoir le droit de cité et qui a pourtant fait effet à l'échelle de la planète. C'est dire que ces gens sont certes répugnants, dégoûtants, ou tout ce que l'on veut, mais loin d'être idiots. Ils connaissent bien les sociétés musulmanes, leur amour illimité pour le prophète Mohamed (QSSL), leur particulière sensibilité au sujet et surtout leur prédisposition aux réflexes passionnels et aux actes peu réfléchis. Ils savent qu'il suffit de peu pour horripiler le musulman qui a la réaction violente à fleur de peau ; il suffit de gratter légèrement. Ainsi, l'innommable coterie de Bacile n'avait pas jugé utile d'apporter les soins nécessaires au scénario et à la qualité de la production. Le diable dans le corps, ces démons étaient intéressés en revanche par le scénario qui allait se jouer dans les pays musulmans, du reste connu d'avance. Ils étaient assurés du résultat. Ils savaient parfaitement, tout comme les autorités américaines, que le film allait provoquer des vagues déferlantes de contestataires en colère. Ils n'avaient pas besoin de parier que les missions diplomatiques et les intérêts américains, et occidentaux de manière générale, seraient indubitablement visés par les manifestants. Ils n'avaient pas besoin non plus de faire preuve de génie ou d'effort intellectuel pour mettre les gouvernements des pays musulmans à l'épreuve de la violence des rues. Le but était surtout de montrer au monde des musulmans hystériques attaquant des consulats et des ambassades et aussi en confrontation virulente avec les services de sécurité, tenus par l'obligation de protéger les personnes et les biens, en particulier les sanctuaires diplomatiques et les représentants des états. Je les vois ces cyniques provocateurs jubiler et jouir des images traumatisantes transmises par les médias du monde entier. Inutile de revenir sur les morts et les blessés, au demeurant largement commentés par la presse. Pour les êtres normaux, le bilan est terrible. Pour “Bacille de Koch", le pasteur écœurant Terry Jones et leurs soutiens, c'est un résultat inespéré, dépassant de loin les prévisions. Des chaînes de télévision américaines cherchent par tous les moyens d'inviter le mystérieux microbe sur leurs plateaux. D'autres se proposent de diffuser le navet pour, dit-on, défendre la liberté d'expression. En un mot, le monde est devenu fou. Mais qu'en est-il de l'Islam dans cette triste aventure et celles qui l'ont précédées ? Est-il besoin de rappeler que la religion musulmane condamne, sans le moindre doute, toute atteinte à la dignité ou à l'intégrité physique d'un hôte ? Par ses traditions ancestrales et conformément aux principes de sa religion, le musulman est tenu d'assurer protection, confort et quiétude à ses invités. On ne peut plus clair ! Partant de ce principe fondamental et irréfragable, s'en prendre aux missions diplomatiques est une transgression des lois divines et humaines et une atteinte grave à l'image de la religion et à la nation de Mohamed (QSSL). En plus d'être des actes inutiles, improductifs et dégradants, c'est répondre à l'immoral par l'immoral. Il est pourtant plus judicieux de suivre les enseignements du verset coranique qui dit : “Les créatures du Miséricordieux qui marchent sur terre avec humilité répondent aux ignorants qui les interpellent par invitation à la paix", sourate 65, verset 63. Une banderole à attiré mon attention dans une manifestation organisée en Libye après l'assassinat de l'ambassadeur américain et de trois de ses collaborateurs. On pouvait y lire en langue arabe “Défendre le Prophète avec les qualités morales du Prophète". Je signale au passage que ce sont ces qualités qui ont amené des milliers de personnes à épouser la religion musulmane par conviction, sans aucune forme de contrainte. J'avoue que cela a apaisé ma tristesse de savoir qu'il y a une prise de conscience musulmane dans ce chaos. Il ne s'agit pas non plus de fermer l'œil sur les atteintes à notre dignité ou à nos repères. Seulement, on devrait faire preuve de retenue, de civisme et d'intelligence en manifestant pacifiquement notre réprobation. Du reste, il appartient aux états, tenus de se mettre au diapason des opinions et aspirations de leurs peuples, d'utiliser les voies diplomatiques, juridiques et autres moyens de pression dont ils peuvent user pour opposer fermement les réponses adéquates et efficaces aux vulgaires détracteurs de notre Prophète (QSSL). Car tant que ces énergumènes blasphémateurs ne sentent pas peser sur eux la “menace musulmane officielle" capable de les traîner devant les instances juridiques internationales, les condamner et mettre fin à leur sinistre activité, ils récidiveront et ouvriront la voie à d'autres provocateurs. Et ce sera le cycle infernal. à la provocation on répond par la violence, la violence suscite la haine, la haine excite les esprits islamophobes, entre-temps plus nombreux, et ainsi de suite. In fine, les grands perdants, voire les seuls, sont les bons musulmans. B. T. (*) Faculté de physique USTHB