Boudiaf le disait il y a vingt ans : l'école algérienne est sinistrée. Réforme ou pas, la situation n'est pas plus reluisante aujourd'hui, bien au contraire. Une qualité d'enseignement lamentable, des enseignants aigris, sans enthousiasme aucun si ce n'est pour la grève, en totale rupture avec la noblesse de leur métier, et contraignant les parents, du moins ceux qui le peuvent, à s'improviser, chaque soir, instituteur ou professeur pour pallier la démission de ceux qui sont payés pour enseigner. Des cartables trop lourds, non pas seulement pour les épaules frêles des enfants, mais désormais pour les parents aussi, remplis de livres mal conçus et médiocrement imprimés. Des cours de collège où l'on fume, semble-t-il, en toute allégresse, des profs et des directeurs d'établissement fermant les yeux sur l'indiscipline des élèves de crainte d'être attendus par des voyous armés de sabres par-delà le portail. L'insécurité dans les écoles est telle qu'elle se décline sous toutes les formes. Il n'est pas rare, par exemple, de voir un tracteur chargé d'ordures franchir le portail d'un établissement du primaire au moment exact où en sortent les élèves, ceux du préscolaire y compris, dans un désordre indescriptible, les grosses roues de l'engin frôlant les centaines de petites têtes, sous l'œil terrifié des parents ! Et, pour boucler la boucle, la surcharge des classes ! Ainsi peut être résumé l'état de l'école algérienne en cette rentrée scolaire 2012-2013. De quoi se poser la question : faut-il fermer l'école ? Une question que le nouveau titulaire du portefeuille de l'Education est loin de se poser. Mais, sait-il que de tous les ministres, c'est certainement lui qui a le plus de pain sur la planche ? Peut-être pas encore, mais cela viendra. Pour l'heure, il semble se donner pour priorité de rassurer... et de se rassurer. Preuve en est qu'il tente de nous convaincre qu'il n'y a pas de surcharge des classes car, argue-t-il, la surcharge des classes n'est pas nouvelle ! Très pédagogique. Son seul challenge du moment : éviter les grèves qui s'annoncent. S'il y réussit, il aura au moins permis à l'école de continuer à jouer son rôle de garderie.