Dans le monde du théâtre amateur, celui notamment pratiqué par les associations culturelles et celui des séries télévisées, la plupart des sujets traités sont d'ordre social. C'est le pénible quotidien des citoyens qui y est mis en scène. Depuis les tracasseries administratives causées par leur lourdeur et surtout leur inefficacité, en passant par les situations lamentables subies dans les hôpitaux, aux longues, lentes et pénibles filles d'attente çà et là, bref tout ou presque passe à la critique. Mais comme pour meubler de rire les pièces théâtrales et les séries télévisées et croire détendre ainsi les spectateurs on s'adonne à y introduire, par effraction d'ailleurs, des scènes toutes burlesques et invraisemblables autour des personnes du troisième âge. Elles sont tout simplement caricaturées et accablées. Hélas ! Aussi bien sur les planches qu'à l'écran la sagesse et les symboles qu'ils incarnent pourtant sont élidés au profit de clichés à la limite du supportable. Diabolisés dans un rôle imaginaire, travestis dans des costumes de pure fantaisie, présentés sous un prisme déformant nos vieux et vieilles sont exhibés comme étant les souffre-douleur de la société au motif qu'ils sont un frein au progrès de la société. Cette “moquerie" envers le troisième âge installe et renforce encore davantage et malheureusement les idées reçues sur ces acteurs irremplaçables de la société. Le comble est que les personnages qui jouent leurs rôles sont des jeunes que l'on déguise avec des bouts de tout. Même l'imitation par la jeune voix ne colle pas. L'ensemble présente un flagrant faux qui désaxe et déconnecte l'attention sur les sujets traités. Alors que dans la réalité, dans notre culture, ces personnes jouent un rôle social prépondérant dans l'équilibre social par la transmission de leurs expériences et de leur sagesse. Ils dégagent une chaleur humaine immense. Le rire est certes indispensable dans une réalisation de la fiction. Mais ses placements sont délicats et même difficiles à introduire voire à réussir. Faire rire est un art, un savoir-faire et sa trouvaille ne ce place pas n'importe où. On ne rit pas du troisième âge. On devrait en avoir du respect, de la considération et de la reconnaissance. A. A. [email protected]