Un domaine d'activité s'annonce comme particulièrement prometteur pour les assureurs algériens. Il s'agit de la branche des assurances de personnes. Son potentiel est jugé très important et certains analystes n'hésitent pas à l'estimer à plusieurs milliards de dollars. Une perspective qui reste pour l'heure encore extrêmement lointaine.... Les assurances de personnes qui représentaient un peu plus de 8% de la production globale du secteur en 2010 et 2011 sont mentionnées ces dernières années comme un domaine de croissance privilégié par l'ensemble des compagnies qui n'hésitent pas à afficher leurs ambitions. Nacer Aberhouche, le jeune et ambitieux P-DG de Tala-assurance, filiale de la Caat, veut prendre “40% du marché dès 2015". Plus mesurés, les objectifs de la filiale spécialisée du groupe AXA visent quand même une part de marché de 17% en 2015. Quand à Macir-Vie, nouvelle compagnie issue de la scission de la Ciar, elle ambitionne de faire croître au rythme de 10% par an un chiffre d'affaires qui était déjà de 400 millions de dinars l'année dernière. Des perspectives qui risquent de tarder à se concrétiser. On sait que depuis le 1er juillet 2011, l'ensemble des compagnies d'assurances algériennes ont été tenues de séparer les assurances de personnes des assurances de dommages en créant des filiales distinctes. Au moment de la date butoir, en dehors de Cardif , filiale de BNP Paribas qui était active depuis déjà plusieurs années sur le marché algérien, seules les trois compagnies publiques avaient constitué des filiales spécialisées et étaient donc autorisées à souscrire et à commercialiser des produits d'assurance de personnes. Elles ont été rejointes tout d'abord par la nouvelle compagnie Macir-Vie créée par la Ciar, première compagnie privée algérienne par le chiffre d'affaires ainsi que par la filiale assurances de personnes d'Axa -Algérie .De nouveaux acteurs qui n'ont pas pour l'instant pu empêché la chute brutale du chiffre d'affaires des assurances de personnes qui n'a pas dépassé 1 milliard de dinars au premier trimestre 2012, divisé par deux par rapport à la même période de 2011, et représente actuellement à peine 4% de l'activité des assurances algériennes. De larges alliances internationales Des acteurs désormais spécialisés qui se sont pourtant donné les moyens de réussir. La plupart d'entre eux s'appuient désormais sur de larges alliances souvent ouvertes à des partenaires internationaux et qui privilégient la nouvelle activité de la bancassurance. Cardif et la Cnep ont ouvert la voie dès 2008. Elles ont depuis été imitées par l'ensemble des compagnies publiques qui ont formé des attelages associant les banques publiques au capital des nouvelles entités créées en juillet 2011.La filiale algérienne d'AXA s'est également pliée à cette règle en signant avec la BEA. L'avantage le plus visible de ces associations réside d'abord dans la constitution de vastes réseaux de distribution “multi canal" qui vont utiliser à la fois le réseau propre des compagnies d'assurance et les points de vente constitués par les agences bancaires. Pierre Olivier Adrey , P-DG de la Saps, filiale commune de la SAA, de la Macif, de la BDL et de la Badr développe la démarche: “Du fait de la loi de séparation entre assurances de personnes et assurances de dommages, nous avons la faculté, jusqu'à la fin 2012, de diffuser nos produits par le biais des agences directes SAA. Nous avons lancé simultanément une opération de contractualisation des mandats des agents généraux et des courtiers avec la Saps. Des conventions de distribution vont également être signées avec la Badr et la BDL pour une distribution de nos produits au sein d'un certain nombre d'agences de ces deux banques. Nous développerons en outre progressivement notre propre réseau d'agences directes dans les plus grandes villes du pays, la première d'entre elles sera inaugurée prochainement au centre d'Alger. Nous n'avons cependant pas vocation à nous engager trop largement dans cette voie, compte tenu de la capacité de distribution de nos actionnaires qui disposent déjà d'un réseau de près d'un millier de points de vente". En attendant les nouveaux produits Pour développer un marché au “potentiel reconnu", les compagnies vont devoir affronter à la fois le défi de la diffusion des produits existants et celui, plus ardu , de la conception de nouveaux produits adaptés aux besoins des Algériens. Le P-DG de Cardif El Djazaïr, François-Xavier Hussenot, explique : “Pour l'instant, nous concentrons toute notre attention sur les produits de prévoyance. Nous faisons de l'assurance emprunteur. Nous travaillons sur la santé et les produits d'assistance. On a également un produit pour le rapatriement des corps". De “petits produits unitaires" qui permettent quand même à la compagnie de compter près de 150 000 clients dans le domaine de la prévoyance. Du côté de la Saps, on a commencé par récupérer le portefeuille de la SAA. Un portefeuille constitué essentiellement d'assurances individuelles accidents ou décès, qui restent pour l'heure les produits phares du marché algérien, ainsi que d'assurances voyage et rapatriement de corps et d'assurances collectives groupes pour les entreprises souhaitant protéger leurs salariés dans le domaine de la prévoyance santé. Pour l 'instant, les nouveaux produits se font un peu attendre. Macir-Vie vient de lancer un produit spécial Hadj et Omra. La Saps lance une assurance emprunteur de prêts immobiliers et annonce que ses projets portent également sur la mise au point de produits d'assurance santé ou de produits “accidents de la vie" qui seront adaptés spécifiquement aux clients algériens. Les assureurs ne manquent pas d'idées et on évoque déjà parmi une foule d'autres projets , le lancement d'une “assurance nuptialité" qui permettra de préparer le mariage des enfants ou encore d'une assurance études qui financera leur passage à l'université. Des produits qui n'ont plus qu'à trouver leur clientèle. H. H.