Lucienne Favre (1894-1958) est une écrivaine française, qui a aimé l'Algérie. Elle a publié plusieurs romans, dont «Bab-el-Oued» (Crès et Cie, 1926), «Tout l'inconnu de la Casbah d'Alger» (Baconnier, 1933), «Mourad», (La Toison d'or, 1942) et «Doudjda» (Denoël, 1946). Elle a également réalisé des pièces de théâtre : «Isabelle d'Afrique» (1934) et «Prosper» (1935). Le documentaire romancé «Dans la Casbah» de Lucienne Favre (257 pages) a été publié, pour la première fois, en 1937, par les éditions Grasset. Ce livre a connu ensuite des rééditions, dont celle de 1949 (éditions Colette d'Halluin), introduisant des pages inédites et de nouvelles anecdotes «caractéristiques de l'actuel malaise nord-africain». Dernièrement, Alternatives urbaines éditions (Algérie) a réédité «Dans la Casbah», en confiant les préliminaires, la préface et la postface à Djaffar Lesbet, urbaniste et architecte. D'après certaines sources, Lucienne Favre aurait séjourné, à l'âge de 9 ans, dans la région de Skikda (anciennement Philippeville). A 18 ans, elle a épousé à Paris Louis Turlin, né à Annaba (ex-Bône) en 1891. Le jeune couple s'est installé à Paris. Après la mort de son mari, en novembre 1914, Lucienne Favre s'est alors établi à Alger, avec sa mère et sa fille. En 1923, elle s'est remariée avec Me Gaillard (né à Béjaïa en 1880), avocat à la cour d'appel d'Alger. Les familiers du couple sont les Léveilley, Plâtrier et Brua. Même l'écrivain-philosophe Albert Camus et l'écrivain-journaliste Max-Pol Fouchet faisaient partie de ce cercle. Lucienne Favre, souvent accompagnée par Le Corbusier, architecte de renommée, connu pour ses positions anticolonialistes, s'est rendue à la Casbah où la vie des femmes la fascinait. En juillet 1939, trois ans après le suicide de Me Gaillard, elle s'est mariée une troisième fois, à Paris, avec René Dard, anciennement maître imprimeur aux établissements Baconnier à Alger. Tout laisse croire que le couple a vécu les années de guerre en France. Le 21 mars 1958, Lucienne Favre meurt à Paris, à l'âge de 64 ans. Lucienne Favre était une femme sensible au sort des Algériens confrontés aux affres de la colonisation. Par ses histoires sur le vécu des autochtones, elle a voulu apporter un nouveau regard et alerter sur les discriminations, ainsi que sur les humiliations subies par ces derniers. Mais, qui mieux que Djaffar Lesbet, natif de la Casbah, pour parler de cette femme intuitive et généreuse, et pour nous accompagner dans le cœur de la Casbah, en interrogeant sans cesse le passé et le présent. H.A