“Il faut reconnaître que les Algériens sont conservateurs", a indiqué Mohamed Seddiki pour appuyer sa revendication, ajoutant que “dans certaines régions du pays, la femme n'a même pas le droit de voter". La loi exigeant 30% de femmes sur chaque liste électorale n'est pas du goût de la Commission nationale de surveillance des élections locales. Après avoir applaudi son application lors des dernières législatives, la commission que préside Mohamed Seddiki, représentant du parti AHD 54, veut son abrogation, ou tout simplement son annulation lors des prochaines joutes électorales. “Nous demandons la révision de cette loi et la réduction du taux de représentation des femmes sur les listes", a indiqué M. Seddiki, lors d'un point de presse animé hier à Alger. Et pour cause, explique-t-il, des partis politiques n'ont pu constituer des listes en raison de “l'impossibilité" de trouver des femmes candidates. “Il faut reconnaître que les Algériens sont conservateurs", a indiqué Mohamed Seddiki, pour appuyer sa revendication, ajoutant que “dans certaines régions du pays, la femme n'a même pas le droit de voter". Le dilemme concernant cette revendication ne réside pas uniquement dans cet “appel" à la violation de la loi électorale du 12 janvier écoulé, mais il réside surtout dans la volonté des représentants de partis politiques de remettre en cause un acquis du combat de la femme, sa participation dans la vie politique et sa représentation dans les assemblées élues. Cette “exigence" de la commission trouvera certainement écho chez les adeptes de la minoration de la femme et la sous-estimation de son rôle dans la société. Sur un autre plan, Mohamed Seddiki estime que “l'Algérie dépense beaucoup d'argent lors des élections". “Nous dépensons trois fois plus que la France", a-t-il soutenu, avant d'ajouter : “Si nous avions appliqué l'islam, nous ne serions pas dans cette situation." Pour rappel, le budget de fonctionnement de la commission est d'un peu plus de 16 milliards de centimes, une manne que les membres de la commission veulent gérer. “On n'est au courant de rien concernant ce financement", a-t-il révélé, tout en soulignant : “Nous avons le droit de savoir où est dépensé cet argent." Tout en se défendant d'avoir demandé des indemnités, Mohamed Seddiki exige, par ailleurs, un droit de regard sur le budget alloué à sa commission. “Nous avons formulé des revendications que les pouvoirs publics ne veulent pas satisfaire", a encore asséné M. Seddiki, non sans déplorer le retard enregistré dans l'installation de la commission. Ses membres devaient être installés à leur poste, juste avec la convocation du corps électoral. Or, “avec un mois et demi de retard, nous ne pouvons pas tout résoudre". De ce fait, a informé M. Seddiki, “l'installation des commissions de wilaya est reportée jusqu'à la semaine prochaine", alors que le tirage au sort pour l'attribution de numéros d'identification aux listes électorales aura lieu aujourd'hui. Concernant les revendications politiques, M. Seddiki souligne qu'elles sont contenues dans le rapport remis aux autorités après les législatives. Elles concernent, entre autres, le vote des militaires. Sur ce point, il a souligné que la commission estime que “chaque militaire doit voter dans sa circonscription d'origine". Il a, par ailleurs, évoqué le vote par procuration, qui, rappelons-le, était la pomme de discorde lors des dernières consultations. À propos du fichier électoral, le président de la Cnsel a indiqué que la commission “ne sait rien sur cet aspect". Il a informé que ses services ont formulé une demande d'audience au Premier ministre et que le ministre de l'Intérieur s'est engagé “à régler les problèmes dépendant de son département". M M