Les affrontements entre les islamistes et les forces de sécurité ne cessent de se multiplier dans le pays, un an après les premières élections libres. La situation est au bord de l'explosion qui risque de faire basculer le pays dans le terrorisme. Depuis l'attaque le 14 septembre dernier de l'ambassade des Etats-Unis et l'école américaine, un autre grave incident s'est produit mardi dans la localité de Manouba, dans la banlieue ouest de Tunis. Lors d'un affrontement qui a opposé les forces de sécurité aux islamistes, un des plus graves affrontements, un militant islamiste radical a été tué et deux agents des forces de l'ordre blessés. Les forces de sécurité ont abattu le militant lors d'une riposte suite d'une attaque dans la soirée contre deux postes de la garde nationale tunisienne dans la banlieue de Tunis de la Manouba, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khaled Tarrouche. La même source qui n'a pas identifié la victime, a indiqué que “l'intervention des forces de l'ordre a entraîné la mort d'un assaillant touché par une balle". Selon cette source, après l'annonce de l'arrestation d'un salafiste soupçonné d'avoir blessé le chef de la brigade de sécurité publique de la Manouba, Wissem Ben Slimane, samedi, un “nombre important de personnes de tendance religieuse radicale" ont attaqué dans la soirée deux postes de cette banlieue de Tunis. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a précisé que le groupe a attaqué le poste de la Garde nationale de Douar Hicher et de Khalid ibn Walid à la Manouba. Des quartiers, il faut le dire, gangrénés par la prostitution, la drogue, l'islamisme, banditisme... “Pour ce second poste, ils ont attaqué les agents avec des outils tranchants, des sabres. Deux ont des blessures assez importantes, l'un à la tête l'autre à la main", a indiqué M. Tarrouche. Des renforts importants de forces de sécurité ont été déployés dans ce quartier chaud de la banlieue ouest de Tunis où la situation restait tendue dans la soirée. “Il y a des tensions, mais les forces de sécurité sont déterminées à faire appliquer la loi et on a tous les moyens pour le faire", a déclaré le porte-parole du ministère de l'intérieur. Alors que l'état d'urgence est en vigueur en Tunisie depuis le coup d'Etat maqué de janvier 2011 qui a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali. Le chef de la brigade de sécurité publique de la Manouba Wissem Ben Slimane, 35 ans, a expliqué dimanche avoir été victime d'une attaque durant le week-end par un assaillant, un salafiste présumé, armé d'un hachoir, qui l'a blessé à la tête. Le “suspect principal" a été arrêté mardi, selon M. Tarrouche. L'agression s'est produite au moment où des agents de la Garde nationale (gendarmerie) se sont interposés lors d'une bagarre entre des revendeurs clandestins d'alcool et un groupe de salafistes dans le quartier populaire de Douar Hicher alors que la Tunisie célébrait l'Aïd El-Kebir. Suite à ce grave incident, des syndicats des forces de l'ordre ont dénoncé vivement les agressions dont les policiers sont les victimes. Du coup, ils ont appelé à une manifestation aujourd'hui devant le ministère de l'Intérieur. Le gouvernement tunisien, dominé par les islamistes d'Ennahda, est accusé par l'opposition de faire preuve de laxisme face aux salafistes djihadistes, une branche rigoriste de l'islam sunnite responsable de nombreux coups d'éclats, certains sanglants, depuis les évènements du 14 janvier 2011. Après l'attaque de l'ambassade américaine le 14 septembre par des militants de ces groupuscules qui a fait quatre morts parmi les assaillants, les autorités ont assuré être déterminées à lutter contre les militants violents de cette mouvance. Une centaine de salafistes suspectés d'avoir participé à cette attaque en représailles à un film islamophobe diffusé sur internet ont été arrêtés depuis, mais leur chef présumé, Abou Iyadh, est, lui, toujours en fuite. La Tunisie peine à se stabiliser depuis la fuite de Ben Ali. Selon les observateurs, il faudra plusieurs années pour que le pays retrouve sa stabilité et son calme d'antan. I. O.