Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a affirmé, à Abuja, que l'option militaire contre les islamistes armés était nécessaire au Mali pour éviter des “conséquences dommageables" pour l'ensemble de l'Afrique. Les 15 chefs d'Etat de la Cédéao, réunis hier dans la capitale politique du Nigeria (Abuja), se sont prononcés en faveur de l'envoi au Mali d'une force de “3 300 soldats", “pour une durée d'un an", afin de reconquérir le nord du pays occupé par des groupes islamistes armés, a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara. “Nous prévoyons 3 300 soldats pour une durée d'un an", a dit M. Ouattara aux journalistes, à l'issue du sommet réunissant des dirigeants des 15 pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de quelques autres pays africains, dans la capitale nigériane. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a affirmé, hier à Abuja, que l'option militaire contre les islamistes armés était nécessaire au Mali pour éviter des “conséquences dommageables" pour l'ensemble de l'Afrique, en ouverture d'un sommet extraordinaire des dirigeants africains. “Cette intervention s'appuiera sur une résolution de l'ONU (...) pour chasser les rebelles et les anarchistes qui ont transformé le nord du pays en une zone de non-droit. Nous devons le faire pour éviter des conséquences dommageables, non seulement pour le Mali mais pour l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique tout entière", a-t-il déclaré. Pour rappel, les chefs d'état-major de la Cédéao ont, en effet, changé la composition des troupes qui seraient déployées pour la reconquête du nord du Mali occupé par des groupes islamistes armés, ils avaient recommandé 5 500 soldats au lieu des 3 200 prévus dans la proposition initiale de la communauté de l'Afrique de l'Ouest et ces troupes supplémentaires viendraient d'Etats hors Cédéao. C'est la raison pour laquelle le sommet a été élargi à d'autres pays de la région : la Mauritanie, le Maroc, la Libye, l'Algérie et le Tchad, et l'Afrique du Sud. Le sommet d'Abuja devait également préciser la teneur et la composition des forces extra-africaines, franco-américaines notamment, devant soutenir sur le plan logistique l'opération militaire. Mais il n'est pas précisé qui sont les pays qui enverraient les soldats devant épauler les militaires de la Cédéao ni si celles-ci seront associées ou pas aux combats contre les jihadistes. Ce plan sera transmis aux Nations unies via l'Union africaine (UA), selon le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouedraogo. Le sommet a également fait sienne la double approche qui a fini par s'imposer pour la résolution de la crise malienne, avec, d'un côté, une pression militaire sur les groupes islamistes armés, et, de l'autre, la poursuite des tentatives de dialogue politique. La Côte d'Ivoire compte même inviter les autorités de transition de Bamako à créer un comité de négociation pour promouvoir le dialogue intermalien, avec les Touaregs et les islamistes d'Ansar Dine qui ont rejeté, la semaine dernière, le terrorisme bien que leur objectif d'appliquer la charia sur tout le Mali reste de mise. L'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu pour le Sahel, Romano Prodi, ex-patron de l'UE et ex-Chef du gouvernement italien, avait déclaré, la veille de la tenue du sommet d'Abuja, après un entretien avec le président Abdelaziz Bouteflika, qu'une intervention militaire au Mali n'interviendrait qu'en “dernier ressort". Bouteflika n'avait cesse d'exhorter ses pairs dans la région, au sein de l'UA et de la Cédéao, à Paris et à Washington, d'épuiser d'abord les voies de la négociation en profitant des cadres internationaux et des engagements de l'ONU dans le cadre de la lutte contre le terrorisme pour préserver l'unité nationale du Mali, partant, la stabilité du Sahel. D. B