Dogmes La loi de finances 2013 ne déroge pas à la règle : le maintien du statu quo en matière de pression fiscale. Elle fait supporter, comme les précédentes, le fardeau aux simples contribuables et autres assujettis à l'impôt aux revenus moyens. Quant aux entreprises, elles considèrent dans la même veine que le poids de la fiscalité reste trop lourd. Un véritable frein à la création de richesses et d'emplois. Pis, la pression fiscale est actuellement la cause du passage de nombre de sociétés aux activités informelles. Trop d'impôt tue l'impôt. Les pouvoirs publics ne semblent pas s'en soucier. En tout cas, la position du ministère des Finances, trop conservatrice, voire dogmatique sur la question, est en retrait par rapport aux bonnes intentions du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui affiche clairement que l'entreprise devra être au cœur des politiques publiques destinées à booster l'emploi et la création de richesses. Lies Kerrar, lors de l'atelier organisé par le Forum des chefs d'entreprise sur la loi de finances 2013, souligne en ce sens la nécessité d'élargir l'assiette fiscale par la légalisation de l'informel et d'améliorer la compétitivité des entreprises algériennes. Car un tissu économique dynamique, en se développant, augmente à l'évidence, de façon exponentielle, les recettes fiscales ordinaires qui, aujourd'hui, arrivent à peine à couvrir le quart des dépenses budgétaires. Cette situation de pression fiscale pourrait s'expliquer par la faiblesse des recettes fiscales tirées des activités hors hydrocarbures. Mais pourquoi alors faire porter le lourd fardeau aux travailleurs et aux entreprises productives alors que, parallèlement, on ferme les yeux sur la constitution de fortunes considérables acquises de manière illicite, sur la transformation de l'argent sale du commerce extérieur en grands espaces immobiliers qui ont poussé comme des champignons dans nos grandes villes. En fait, rien ne semble justifier aujourd'hui l'incapacité chronique du fisc à appréhender l'assiette fiscale. Cette lenteur à s'attaquer aux gisements fiscaux les plus importants. Ceux nés de positions de rente. En d'autres termes, on hésite encore à traquer l'immense évasion fiscale résultant de fausses déclarations en douane à l'importation de marchandises, les transactions sans factures sur le marché intérieur et l'origine des acquisitions de biens immobiliers. Cette attitude dogmatique, statique, renvoie également à l'extrême prudence en matière d'utilisation des réserves de changes. Le refus d'autoriser le crédit à la consommation pour les biens produits localement depuis au moins deux ans relève de la même tendance. Tout ce qui peut faire sortir l'économie nationale de son sous-développement via par exemple les fonds souverains et tout ce qui peut améliorer le bien-être des ménages ne font pas partie des outils utilisés par nos gouvernants pour hisser l'Algérie à la hauteur des pays émergents qui utilisent depuis plusieurs années ces mécanismes pour renforcer leur économie et améliorer leur positionnement sur la scène internationale.