Le cinéma africain a vibré au rythme du Fespaco 2025, et cette édition restera gravée dans l'histoire. Le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a décroché la plus haute distinction du festival, l'Etalon d'or de Yennenga, grâce à son long-métrage Katanga, la danse des scorpions. Cette œuvre, qui plonge au cœur des jeux de pouvoir et de leurs sombres rouages, a également été couronnée du Prix du public, une récompense inédite introduite cette année. Dans Katanga, la danse des scorpions, Kouyaté explore les méandres de la trahison, de la jalousie et de la paranoïa, brossant un tableau saisissant des luttes intestines qui minent les sphères du pouvoir. Visiblement ému en recevant son trophée, il a dédié cette victoire à Souleymane Cissé, réalisateur de renom et président du jury, disparu quelques jours avant l'ouverture du festival. Le palmarès a également mis à l'honneur Le village aux portes du paradis, du cinéaste somalien Mo Harawe, qui a obtenu l'Etalon d'argent. Cette œuvre a été saluée pour sa richesse narrative et sa profondeur émotionnelle. Quant à l'Etalon de bronze, il est revenu à la réalisatrice zambienne Rungano Nyoni pour Devenir une pintade, un film qui se distingue par son approche originale des dynamiques sociales et culturelles en Afrique. Cette 29e édition, placée sous le thème des identités culturelles du continent, a vu la participation de cinq réalisatrices parmi les quinze films en compétition officielle, un signal fort pour la place des femmes dans le cinéma africain. La consécration de Dani Kouyaté marque un moment historique pour le Burkina Faso, qui décroche ainsi son troisième Etalon d'or, après Tilaï d'Idrissa Ouedraogo en 1991 et Buud Yam de Gaston Kaboré en 1997. Selon le jury, le film primé s'est démarqué par « l'intemporalité de son propos, la force de son ancrage culturel et la maîtrise de sa mise en scène ». Lors de la remise de son prix au Palais des Sports de Ouaga 2000, Kouyaté a tenu à adresser un message poignant : « Ce trophée, je le dédie au peuple burkinabè, à tous ceux qui se battent pour défendre notre terre. La lutte est dure, mais l'espoir est intact. » Il a également rendu un hommage vibrant à Souleymane Cissé : « Il a ouvert la voie que nous tentons d'emprunter aujourd'hui. Son héritage reste vivant ». Le festival s'est clôturé sous une ovation générale, avec un appel du délégué général du Fespaco à poursuivre la mission du cinéma africain : être un outil de dialogue, de transformation sociale et de valorisation des cultures du continent. Rendez-vous est déjà pris pour la 30e édition, prévue du 27 février au 6 mars 2027. Pour rappel, cette 29e édition s'est tenue dans la capitale burkinabée du 25 au 1er mars 2025. Cette édition a enregistré la participation de 53 pays venus des quatre coins du monde. 1351 films ont été soumis à l'appréciation du comité de sélection, parmi lesquels 235 ont été retenus pour être en lice dans les différentes catégories de la compétition. Plusieurs films algériens étaient en compétition, c'est finalement « Frantz Fanon » de Abdenour Zahzah qui a retenu l'attention des membres du jury puisqu'ils lui ont décerné « Le prix de la semaine de la critique» (lire article ci-dessous).