La tension sociale en Tunisie est au summum, marquée par une situation sécuritaire des plus inquiétantes, avec des violences à caractère religieux quasi quotidiennes dans plusieurs régions du pays. Encore une fois des salafistes ont attaqué le bar d'un hôtel à Sbeïtla, centre-ouest de la Tunisie, à une soixantaine de kilomètres de son chef-lieu Kasserine, et tenté de mettre le feu à l'établissement situé au cœur de cette ville archéologique, ont indiqué des témoins et la police. “Une quinzaine d'hommes se sont attaqués à l'hôtel Le Capitole. Ils ont saccagé le hall, détruit des bouteilles d'alcool et, à défaut d'incendier l'hôtel, ils ont mis le feu à un véhicule en stationnement devant l'établissement", a indiqué une source sécuritaire. Les assaillants, qui portaient la barbe et étaient armés de gourdins et de haches, ont menacé et proféré des insultes à l'adresse des clients, les qualifiant d'“apostats", ont indiqué des témoins, mais sans préciser si l'attaque avait fait des victimes parmi les clients ou le personnel du bar qui s'est interposé. Ils ont ensuite quitté les lieux avant l'arrivée de la police. Des colonnes de fumée se sont répandues dans le centre de Sbeïtla, où les forces de sécurité tunisiennes traquent depuis lundi un groupe armé responsable d'une attaque ayant coûté la vie à un gendarme. L'attaque de Sbeïtla est la deuxième du genre depuis celle ayant visé un hôtel à Sidi- Bouzid, en septembre, quand une cinquantaine de salafistes jihadistes ont fait irruption dans un hôtel, chassant les clients du bar de l'établissement et détruisant des quantités de bouteilles d'alcool aux cris de “Allah Akbar", “al-Charab haram" (l'alcool est pêché). Un groupuscule salafiste avait ensuite revendiqué l'attaque contre l'hôtel, dont le bar était le dernier point de vente légal d'alcool à Sidi- Bouzid. Dans le même sillage, Ali Laârayedh, ministre tunisien de l'Intérieur, a déclaré, jeudi, que les services de sécurité ont procédé à “des arrestations, et nous disposons déjà de certaines données sur le groupe terroriste localisé à Jebel Tam Smida, à Darnia, (Bouchbika – gouvernorat de Kasserine)", a affirmé le ministre. “Nous donnerons de plus amples informations sur cette question dans les plus brefs délais", a-t-il ajouté, indiquant que les unités de la sûreté et de l'armée nationale encerclent le site depuis lundi dernier. M. Laârayedh a appelé les médias à ne pas diffuser d'informations qui risquent de faire avorter le plan de sécurité ou de mettre en péril la vie des gens. À rappeler que des affrontements ont éclaté, lundi, à Jebel Tam Smida, entre des unités de la Garde nationale et un groupe armé, causant la mort de l'adjudant Anis Jelassi. Dans la même journée de jeudi, le poste de police de Attaya, gouvernorat de Sfax, a été incendié dans la soirée par un groupe de jeunes délinquants qui réclamaient la remise en liberté d'un de leurs amis qui a été pris en flagrant délit d'immigration clandestine. Ce groupe de délinquants aurait aussi incendié le siège de la délégation (gouvernorat) de Ramla et une voiture de police. I. O.