Certains partis politiques tunisiens n'arrêtent pas de s'accuser mutuellement. La guerre qu'ils se livrent est sans merci. Après ce qui est arrivé à Sidi-Bouzid, lundi, les Ligues de protection de la révolution (LPR) ont accusé le Front populaire et l'Union générale tunisienne de Travail (UGTT) d'être derrière le ratage de la célébration du 2e anniversaire de la révolution à Sidi-Bouzid. Dans le même sillage, les membres et partisans des LPR et ceux d'Ennahdha se sont alors déchaînés, sur leurs pages Facebook, sur les militants du Front populaire et de l'UGTT qu'ils accusent d'avoir tout fait pour que la célébration du 2e anniversaire du “déclenchement de la révolution" à Sidi-Bouzid tourne au vinaigre et que le président de la République provisoire Moncef Marzouki et le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) Mustapha Ben Jaâfar, hués par la foule (qui a notamment jeté sur la tribune des pierres, des oranges, des pommes de terre...), soient évacués à la hâte sous escorte policière. Le Front populaire, on le sait, a appelé tous ses partisans pour boycotter ce 2e anniversaire. “Ils n'ont plus les pieds sur terre. Ils ne savent pas que le peuple en a marre de leurs pratiques et de leurs mensonges. De toutes les manières, la police a pris des photos sur ce qui s'est passé et nous, le Front national, étions absents. Car, on a lancé depuis la veille, une déclaration pour dire que nous ne participons pas à un événement organisé à la façon du 7 novembre de Ben Ali par des partisans d'Ennahdha", a déclaré Chokri Belaïd, interrogé par “Kapitalis" à ce sujet. Le leader du Parti des Patriotes démocrates (Watad) et du Front populaire est accusé par les partisans d'Ennahdha de “criminel". Ces derniers appellent les autorités à “l'arrêter et à dissoudre le Front populaire, devenu un front de violences". À rappeler que le président Moncef al-Marzouki et le président de l'Assemblée nationale Mustapha Ben Jaafar ont été la cible de jets de pierres. Les incidents ont commencé après l'allocution du chef de l'Etat, qui avait pris la parole devant 5 000 personnes réunies sur la place du centre-ville pour commémorer l'événement. “le peuple veut la chute du gouvernement, dégage, dégage", scandaient les manifestants. Mais aucun des deux dirigeants n'a été touché et ils ont dû être évacués. Les habitants n'ont pas apprécié que le président Marzouki leur demande d'attendre encore avant que le problème du chômage qui gangrène la région depuis des dizaines d'années ne soit réglé. “Le gouvernement n'a pas de baguette magique pour changer les choses (...). Il a besoin de temps pour solder l'héritage de 50 ans de dictature", avait-il déclaré sous les sifflets de son auditoire. I. O.